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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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(c) Metropolitan Filmexport
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Silent Hill
France / 2006
26.04.06
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BENNY (OUI-OUI) HILL
« Nous voila de nouveau engagés dans un combat mortel… »
Si le secteur du jeu vidéo est parvenu à imposer ses propres mythes, après avoir longtemps envié ceux du cinéma, il reste que le processus inverse d’inspiration ne semble toujours pas probant. Certes, on ne pourra pas accuser Christophe Gans d’avoir expédié la commande comme tant d’autres besogneux. Son adaptation du hit ludique Silent Hill n’aura en effet rien à voir avec les commandes improvisées et dictées essentiellement par des calculs mercantiles. A première vue l’auteur du Pacte des Loups était même l’homme de la situation en grand amoureux du cinéma de genre et en fan averti des univers pixélisés interactifs. Hélas le réalisateur se heurte dans sa nouvelle tentative aux mêmes travers dont il avait fait preuve dans l’élaboration de ces précédents films et qui par ailleurs touchent bon nombre de ses collègues français (Jeunet ?) qui revendiquent leur art avant tout comme un spectacle sensoriel. A savoir une obsession méticuleuse pour l’image et le son, mais une incapacité chronique à harmoniser la facture de l’ouvrage avec une narration fluide ou cohérente de 90 minutes, voire plus simplement avec l’émotion. Le scénario de Roger Avary n’aura pas aidé le cinéaste dans la viabilité de l’entreprise, compilant maladroitement les trames encombrantes (celle du père mal exploitée) aux scènes baroques mais sans grand impact dans la construction de l’intrigue. Le récit loin de trouver une dimension purement cinématographique se réfugie dans la déclinaison respectueuse des concepts du jeu original. Du coup l’enchaînement laborieux des séquences, d’un monstre à l’autre, peine à trouver une cohérence, à générer ses attentes, ses questions et à livrer ses réponses... qui se bousculeront au final en un flot confus de révélations. Gans filme une quête sans âme, un parcours mécaniquement fléché qui se matérialise d’ailleurs fréquemment sous forme de plans d’orientation divers et d’indices grossiers, clins d’œil ne reniant jamais leurs ascendances avec la console. L’humain est ailleurs, délaissé au profit des prouesses contraignantes de la technicité. Le cœur du film est pourtant la relation viscérale qui lie une mère et sa fille. Mais jamais celle-ci ne parvient à imprimer l’écran. Tout au plus le cinéaste distrait et pressé la signifie t-il brièvement dans son introduction par un plan bucolique exposant l’enfant endormi dans les bras maternels, trop caricatural dans sa symbolique naïve. Amputés d'entrée de toute profondeur crédible et cantonnés au registre du jeu outrancier, les acteurs ne parviendront que rarement à rendre attachants leurs personnages. Peinant à focaliser l’attention ils ne seront alors plus que les jouets d’un déferlement d’effets visuels remarquables certes, mais au service de tensions plus imposées que partagées. Le plaisir aura été alors purement technique. Il tiendra dans le rendu étrange de ce brouillard qui fige une ville entière, dans les délires graphiques de quelques giclées de sang peu orthodoxes.
« Vos pêchés vous retiennent ici » clame un protagoniste sinistre de Silent Hill. Ce constat s’applique aussi au sort de Christophe Gans. Empêtré dans cette volonté évidente de rendre le meilleur hommage à l’intégralité de ses influences majeures, la malédiction l’aura une fois de plus frappé en l’empêchant de franchir le level 1 et de parvenir à ses fins : nous livrer un divertissement limpide et fonctionnel. Généreux mais foutraque, son vocabulaire cinématographique perfectionniste peine encore à trouver ses rythmes, sa justification naturelle dans ses projets, voire les dépasse...
PETSSSsss-
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