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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Quatre étoiles (4 étoiles)
France / 2005
03.05.06
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ESCROCS MAIS PAS TROP
"Pour moi, vous n'êtes pas une femme, vous êtes une Barbie."
Christian Vincent ne s'en cache pas, il a cherché à faire de Quatre étoiles une comédie légère et glamour largement inspirée des classiques des années 30-50. Un escroc mal embouché, une ravissante naïve, un gros paquet d'argent, un gogo et quelques caïds pour faire bonne mesure… Les ingrédients sont familiers, pas forcément subtiles, mais globalement efficaces quand il s'agit d'offrir un divertissement facile et léger. Le film lorgne explicitement du côté de l'inénarrable duo Katherine Hepburn/Spencer Tracy et de leurs multiples avatars de comédies sentimentales opposant systématiquement des contraires que tout oppose et attire à la fois. C'est-à-dire que les personnages principaux sont des stéréotypes revendiqués, pâles reflets des protagonistes propres au genre, qui semblent avoir du mal à s'écarter des chemins battus.
Là où ses prédécesseurs mettaient de la finesse dans les dialogues, de l'ironie dans les situations, voire de l'ambiguïté dans les relations, Christian Vincent se contente d'un humour plutôt lourdingue qui consiste à associer une chieuse et un goujat et à les regarder faire leurs petits numéros. José Garcia donne des coups de pieds dans les portes, Isabelle Carré pousse tout un tas de cris plus ou moins insupportables et les deux ne cessent de se crêper le chignon que pour s'insulter. Tableau pathétique, d'où est exempt toute complicité entre les personnages, tout indice laissant croire à l'idylle qui les attend.
Au contraire de ses modèles, qui, sous des dehors légers, prônaient bien souvent l'égalité des sexes et les droits des femmes, Quatre étoiles fait des rapports de force entre ses personnages un argument à sens unique. Ainsi, Stéphane prend un plaisir certain à frapper Franssou et à la malmener physiquement, tandis que celle-ci tombe amoureuse de lui... Il va même jusqu'à la comparer à une poupée Barbie dont, au bout d'un moment, on a envie d'arracher la tête. Dans le genre femme objet, on ne fait pas mieux. Et même si Franssou, avec son air nunuche et sa naïveté portée en étendard, est en réalité plus maligne que lui (faible consolation), avoir en 2006 la prétention de faire rire en montrant un homme passer physiquement ses nerfs sur une femme est curieux. Voilà pourquoi, sans doute, le film manque singulièrement de modernité et semble plus poussiéreux que les comédies qu'il cherche à imiter.
Heureusement, entre José Garcia qui surjoue, et Isabelle Carré qui en fait un peu trop en ravissante-idiote-mais-plus-futée-qu'il-n'y-paraît, il y a François Cluzet. Son personnage irrésistible de coureur automobile quasi aphasique sauve littéralement le film. Il relance non seulement une intrigue stagnante, mais offre en plus les meilleurs moments de l'histoire. La diction laborieuse, les sourcils froncés et le visage perpétuellement tendu dans l'effort, il réalise une composition hilarante, à mi-chemin entre Jean-Claude Van Damme et François Pignon. Sa tirade sur l'air et la respiration de Franssou ( "J'adore quand vous respirez. Vous respirez de manière très naturelle. On dirait que vous savez que c'est de l'air…") est un véritable morceau d'anthologie. Alors, même si le film apprend à ses dépends que les vieilles recettes ne fonctionnent pas à tous les coups, la fantaisie et la générosité de son jeu justifient à eux-seuls le déplacement. MpM
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