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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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ENTRECHATS
"- Donc, vous pensez que je suis l'assassin? Qu'est-ce que je dois faire pour vous convaincre que je ne suis pas, peut-être la prochaine victime?
- Certes, ça pourrait être un bon début. "
Charade est de ces films à l'intrigue à la fois fluide et complexe, léger et dramatique, ponctué de rebondissements et éclaté narrativement. On ne s'ennuie jamais en voyant et revoyant Charade. Le film est un délice visuel et un plaisir réel de cinéphile.
Il y a évidemment l'histoire, entrelacée de multiples petites histoires, qui s'inscrit à la fois dans le film à suspens et l'histoire d'amour, une sorte de Mort aux trousses au féminin. D'ailleurs certaines séquences sont ouvertement et fortement référencées au Maître Hitchcock.
Le réalisateur reprendra ce schéma pour le film suivant, Arabesque. Sa "patte" est reconnaissable par l'habile utilisation de la direction artistique dans le soin apporté à ces petits bijoux conçus comme des créations haute couture. De sa façon de filmer Paris (à la fois pittoresque et résolument moderne) à la mise en valeur des tenues Givenchy de Miss Hepburn, de la musique jazzy et rythmée de Mancini à la photo de Charles Lang, Donen esthétise un film qui aurait pu être un simple divertissement.
Mais Donen va plus loin. Disciple de Billy Wilder avec des dialogues irrévérencieux et une morale subversive (une jeune femme qui drague un vieux monsieur!), le cinéaste de Singin' in the rain parvient à une forme de perfectionnisme lorsqu'il emmène ses personnages dans une course-poursuite chorégraphiée comme une séquence unique et harmonieuse, où le mouvement semble si naturel, si frénétique, qu'on en suit chacun des ralentissements, chacune des accélérations.
Charade ne se résume pas à des scènes d'action ou de poursuites (de déplacements même) dans Paris. Le propos est ailleurs. A première vue sur le mensonge et la connaissance de l'autre. Comment croire l'autre? Si l'on gratte un peu plus, il s'agit évidemment d'une histoire d'amour, où l'argent pollue la romance et l'aventure stimule les sens. Après tout, Madame Lambert est en noir, seule, et s'ennuie dès la première scène, alors qu'elle est encore mariée. On la devine veuve.
Il faudra le deuil véritable, la perte matériel de tous ses biens, pour qu'elle revive.
Bien évidemment le film est dominé intégralement par les deux comédiens vedette. Le charme de Charade tient dans les chabadabada entre Audrey Hepbrun et Cary Grant. Difficile d'imaginer plus beau couple de cinéma. Elle est virevoltante, émoustillante, craquante, à la fois amusante et fragile, fêlée et frêle, capable de filature et savoureusement amoureuse. A ce chic inné et de bon goût qui est l'image même de la grâce d'Audrey, on lui a opposé le séducteur le plus classe de l'histoire du cinéma. Beau et plein d'autodérision, grisonnant et attirant, ironique et comique, ferme avec une arme, se laissant désarmée par les femmes, offrant les plus beaux baisers du cinéma et l'oeil le plus coquin, sans vulgarité, Grant envoûte.
Leur duo/duel ne pouvait que produire un film insaisissable, aimant, sans prétention et plein d'étincelles, un spectacle où l'alchimie n'est pas seulement un mélange de genres, mais la fusion entre deux charismes singuliers et similaires. Cary Grant avait rencontré son alter-ego féminin. De la dentelle!!! vincy
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