|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
L'éclaireur
France / 2005
17.05.06
|
|
|
|
|
|
LE FELIN
"J'ai trouvé mon esprit-frère"
Le propre du fantastique est d'être tapis dans notre quotidien le plus banal, apparaissant seulement aux yeux de ceux qui savent regarder. Une ville nouvelle aux immeubles démesurés, quelques accords angoissants, une ombre qui passe dans l'obscurité menaçante… il suffit de peu de choses à Djibril Glissant pour éveiller nos consciences et faire basculer d'autorité la réalité la plus sommaire dans un entredeux monde halluciné où se mêlent visions, rituels et séquences surréalistes. Une fois cette brêche ouverte, la moindre brise, le plus petit frôlement, un mouvement à peine perceptible rendent l'atmosphère presque étouffante. Que peut-il bien se tramer dans cette nuit de plomb ?
Soucieux d'ancrer son intrigue dans un décor à la fois familier et potentiellement inquiétant, Djibril Glissant filme la ville de Saint-Denis comme une contrée exotique et sauvage, à la verticalité et à la géomètrie vertigineuses. Dans cette jungle urbaine, on est finalement peu étonné de voir débarquer des légendes lointaines aux effluves surnaturelles. Du haut de son balcon, Aton épie le monde extérieur, comme pour en surveiller les éventuelles variations. Avant même de prendre conscience de ce qui lui arrive, il devine que quelque chose se trame. Son attente en devient d'autant plus intense et déteint peu à peu, mêlée d'appréhension, sur le spectateur.
Indéniablement, cette première partie fait mouche. Mais une fois arrivé au plus profond de cet univers de conte, le réalisateur gère mal le retour à la surface. Il devient bavard et explicatif, comme s'il fallait balayer consciencieusement toutes les zones d'ombre. S'ensuivent quelques scènes sonnant particulièrement faux, où les personnages semblent soudainement désarticulés et vains. Plus doué pour les ambiances que pour le film de genre, Djibril Glissant ne sait visiblement plus trop comment exploiter son sujet. N'osant sombrer tout à fait dans la magie du fantastique, il ramène trop brutalement son intrigue sur un territoire connu. Adieu la subtilité des ambiances et des sensations, il met dans la bouche de ses héros des dialogues artificiels d'une affligeante platitude. Les séquences à grand spectacle, répétitives et un peu gratuites, sont incapables de remplacer la poésie qui se dégageait des premières scènes. On assiste, un peu déçu, au naufrage d'une histoire que l'on avait pourtant envie d'aimer. MpM
|
|
|