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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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American Dreamz
USA / 2006
07.06.06
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MAILLONS FAIBLES
"- Amènes-moi des monstres!"
Il faut croire que la satire est la mode. Même Hollywood, de son goût pour le fast food à ses émissions de télé-réalité, s'y met. Sur le terrain de M*A*S*H, American Dreamz, largement inférieur au délire d'Altman, s'attaque donc au show leader du moment, aux USA comme en France, American Idol ou Nouvelle Star. Ambition démesurée, Paul Weitz essaie de mélanger son chaud business avec un propos plus politique, entre Président-pantin et relations américano-arabes. Cette grenade une fois dégoupillée nous explosera bien à la tronche, dans une sorte de final explosif. Pourtant, malgré toutes ces bonnes intentions, American Dreamz ne parvient pas à nous enrôler pour une nouvelle saison.
Que s'est-il passé en cours de film? Weitz a tout simplement oublié son objectif. Il s'est éparpillé à travers trop d'histoires, mal tenues entre elles, et n'a pas su, avec son script, choisir entre ses sujets : le cynisme de notre civilisation, l'injustice de nos décisions, la complexité de nos relations... Entre la Guerre USA/Irak, celle de l'image et même la rivalité saignante de candidats à un télé-crochet, le cinéaste s'est perdu et nous avec.
Il n'est pas suffisant de rendre hommage à Blake Edwards (The Party) ou de conduire à une apothéose trash à la Waters. Cependant, reconnaissons à l'auteur son talent à construire des personnages solides (ce que ne fait pas un Linklater par exemple). Un taliban qui dans Chorus Line sous sa tante ou une poupée Barbie laide d'arrivisme, un Président impuissant qui se met à réfléchir et un animateur qui se noie dans son pouvoir, le quatuor est prometteur. Attachant et caricatural au point de nous combler les creux de vague. Les acteurs - de Grant qui n'a jamais été aussi bon depuis des lustres à Moore parfaite en idole à la Britney Spears, de Quaid en Nicholson burtonien à Sam Golzari excellent (mais pas assez connu pour être dans le dossier de presse) - apportent la touche adéquate pour humaniser ou au contraire les rendre n zeste antipathique malgré les apparences. Il est brillant quand il détourne les discours préfabriqués (ceux des winners) qui deviennent instantanément dans nos têtes ceux de losers. Il l'est moins quand il fait sa propre sélection de tarés, phénomènes, furies et autres candidats, ni stéréotypés ni incarnés.
Mais le grave souci de ce faux rêve est bien de ne pas savoir équilibrer l'histoire entre cette critique grossière (mais réconfortante) du second mandat de George W. Bush et cette offensive contre un spectacle télévisuel dont on ne sait toujours pas, à la fin, ce qu'il en pense. Point de vue absent qui s'avère gênant. Weitz échoue à nous divertir complètement mais, par moment, le plaisir est réel. Cette Amérique prête à se massacrer elle-même et pleine de contradictions, c'est avant tout une société capable de n'importe quels bas coups pour obtenir beaucoup. Cette obstination à vouloir rendre les gens meilleurs, à ne jamais être heureux- sont-ils si malheureux quand tout va bien (sexe, fric), pourquoi en veulent-ils plus?
Gonflé, le film dessine une galerie de seconds rôles fascinants - irakiens intégrés et opulents en Californie, mythe de la mère américaine écorné par son avidité, héros militaire faiblard, assistants soumis... Hélas le scénario ne créé jamais les situations nécessaires pour que la subversion satisfasse nos espérances. La défense du rêve américain est certes l'idéal que chacun défend. Mais les gags sont éculés. Le film ferait presque pensé à une comédie sans budget des années 30.
Ce vide et cette insignifiance, malgré un casting quatre étoiles, ne sont jamais assez mis en avant. Cette irréalité constamment dénoncée, cette obsession du consumérisme, cette uniformisation du "Rêve" n'est jamais transposé en images, en émotions. Tout semble aussi toc, lisse, coloré, "néonisé" qu'une finale de l'émission décrite. La morale, heureusement, n'est pas sauve malgré quelques frayeurs de happy end. Cette amertume sied bien à certaines répliques bien senties ("- Tu bouges comme un cadavre réanimé dans un film de Zombies."). La propagande est bien décryptée. Le film est un peu comme une Odyssée de la vie (ou la "non vie") de ces placebos qui sont érigés en Dieux.
Ce reflet répugnant et attirant manque de nous renvoyer l'image attendue de ces pantins échappés (et paumés) dans les jeux du cirque. Le pétage de plombs n'est pas total, hélas. Le dynamitage aurait mérité une meilleure narration, un fil conducteur mieux tendu. En voulant sauver les rêveurs et les candides, Weitz n'a sans doute pas voulu aller trop loin dans l'auto-critique. Après tout sa satire use de tous les charmes et maladresses du formatage hollywoodien.
vincy
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