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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Devil's Rejects
USA / 2006
19.07.06
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EVIL INSIDE
« - Je suis le diable, et je suis ici pour faire son travail. »
Imaginez un monde inversé : le mal dans toute sa splendeur. Rob Zombie place son film sous le signe de la cruauté, et opte pour un point de vue pernicieux en faisant d’une bande de serial killers les héros de son histoire. On pense à Tueurs nés, mais là où les expérimentations de Stone ne tenaient pas toutes leurs promesses et donnaient lieu à un film à moitié réussi, The Devil’s Rejects fait lui preuve d’un jusqu’au-boutisme acharné, aussi bien dans le fond que dans la forme.
Zombie nous offre alors une réalisation superbe et travaillée qui fourmille de petites idées : on retient le montage de l’assaut, dans l’introduction, avec les plans qui se figent pour marquer le tempo. Sorte de décompte, et véritable jeu pervers pour les spectateurs en attente de carnage. A cela s’ajoute l’utilisation inventive des différents splits screen, avec dans l’un d’eux la photo incrustée des victimes souriantes, bon mélange de farce et de cruauté. L’esthétisme du film est sale, poisseuse, et crade ; et l’art se joue de la morale. Lors de la prise d’otage de simples innocents, Rob Zombie repousse les limites de la monstruosité. Dans la manipulation de leur amour, dans ce jeu de torture physique et psychologique, l’extrémité et l’horreur prennent toute leur signification. Le malsain est dominateur : l’attention n’en est que plus soutenu (en comparaison, La colline a des yeux version Aja fait vraiment soft). A partir de ce moment il ne vous reste plus qu’un seul choix : ou vous vous amusez de la situation, et profitez de cet humour particulier, ou vous piaillez d’effroi devant ce déluge de cruauté. A certains moments, on en vient même à hésiter. Rire ou pleurer ? Question de sensibilité. Certains y verront même un certain plaisir masochiste (ou sadique !) à subir de front toutes ces atrocités.
Enfin, par un jeu de masque tétanisant (dont l’influence principal n’est autre que le Massacre à la tronçonneuse de Hooper), la réalisation, caméra à l’épaule, arrive à retranscrire avec brio toute la furie et l’hystérie de la séquence. Mais c’est simple, tout le film est d’une perfection visuelle hallucinante : chaque élément est en parfaite adéquation avec le reste du métrage, on a l’impression que tout coule de source.
Le film marque également son empreinte dans le comique en dehors des scènes horrifiques (au cas ou vous en doutiez), et on se retrouve ainsi avec une séquence hilarante opposant un critique hautain fervent défenseur de Groucho Marx avec un shérif bouseux défenseur d’Elvis Presley. Les esprits contraires sont bien exploités, le choc est cocasse et amusant.
Dans un élan nostalgique, le film se donne des allures de films d’horreur des années 70 : dans la présentation du titre, à travers la musique, etc. Mais The Devil’s Rejects n’est pas qu’un simple film d’épouvante, et se rapproche souvent de l’esthétique du road movie. Dans ce monde inversé, l’océan laisse place au désert aride. On suit les cavalcades de cette famille avec, présentés dans un montage alterné, le trajet du père et la fuite de ses jeunots. Zombie fait preuve d’une belle maîtrise de la mise en scène et parvient avec grâce à faire recouper les aventures du père en plein milieu de l’action. Les retrouvailles seront touchantes.
Les personnages sont le gros point fort de cette histoire. A travers son casting, le film nous offre un véritable défilé de bonnes "gueules" : en premier le père, ce clown horrifique, mais aussi sa fille, aussi sadique que sexy, le frère, brutal et crasseux, le Mac noir avec son petit chapeau, Michael Berryman (vu dans La colline a des yeux, l’original), etc. Tous sont admirablement incarnés et pourrissent à merveille l’histoire de leur présence.
Il y a surtout ce flic ripou qui, dans sa lutte contre le mal, et surtout dans sa poursuite de vengeance personnelle, se mettra au même niveau que ceux qu’il combat. La barbarie la plus totale.
La seule limite du film, c’est son accessibilité : en étant aussi extrême, le film se prive d’une partie de ses spectateurs, et se réserve à un milieu fermé. Les amateurs du genre seront aux anges et donneront un maximum d'étoiles. Mais de part sa vision (nihiliste), sa cruauté, son horreur, et même son humour, le film demeure difficilement abordable, bien peu ouvert aux autres, qui le rejetteront nettement. C’est justement ce qui en fait un film culte, dans le genre. ninteen
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