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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La science des rêves (The Science of Sleep)
France / 2006
16.08.06
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DREAMCATCHER
« - A la flotte la télé ! C’est pour les poissons, ils regardent les conneries d’en bas ! »
Les rêves, l’amour. Après Eternal Sunshine, Gondry s'évade chez lui, laissant les scripts tordus à la Kaufman pour un territoire plus intimiste, et parisien. Gael Garcia Bernal prend le rôle du rêveur introverti, ces "day dreamers" incapables de supporter le réel sans vivre dans l'imaginaire. Comme son personnage principal, le film navigue entre ces deux mondes.
Ces/ ses délires sont une manière pour Gondry de renouer avec l’esthétique de ses clips, plus proche de Méliès que de Lucas : on y retrouve l’animation image par image, le travail sur les décors qui prennent l’apparence de tableaux, les objets et immeubles faits en carton ou en papier… Même la musique s'offre une présence insolite avec les drôles d'instruments inventés pour l'occasion. Tout cela renforce l'onirisme de ces séquences et leur donne un côté "arty", inventif, ludique. Regrettons une image un peu terne, pour ne pas dire obscure. Comme s'il fallait faire "film d'auteur à la française" dans ces décors grisâtres (et peu pittoresques).
Mais le travail n’est pas qu’esthétique, et le fond vient épouser la forme. Expression d'une mélancolie et de ses songes divaguants. Le réalisateur explore l'inconscient et l'instinct, comme dans ses précédentes oeuvres; le processus employé - une antichambre cathodique - permet cette dialectique sous une forme en apparence bricolée. Ce style "en kit" résume assez bien le bric à brac de La science des rêve avec ce goût d'inabouti, qui charme par cette imperfection. Le monde selon les yeux de Stéphane est aussi celui d'un être en marge, complexé, qui n'a rien du battant ou du "winner", mais qui a ses talents et ses atouts.
Car, parallèlement, le film suit une histoire d’amour entre deux voisins qui se ressemblent (s'assemblent). Stéphanie devient pour Stéphane un espoir rêvé, une sorte d’idéal secret. La confrontation entre les deux faces de la schizophrénie devient alors inévitable. L'harmonie, l'équilibre n'a rien d'évident : au contraire il est source de malentendus entre deux maladroits. Le film ne bascule pas dans la noirceur, même s'il a du mal à se régénérer dans les pures séquences sentimentales. Plus à l'aise dans l'allégorie poétique finale que dans les disputes du réel. Mais la tendresse qui imprègne le film et la suave morale qui l'envahit nous conduisent à suivre l'histoire d'amour jusqu'à son happy end incontournable. Comme dans un rêve. Comme c'est idéal.
La machine à remonter le temps ou le nuage ne sont là que pour crééer des moyens incongrus de draguer la belle. Jolies idées de mise en scène parfois. Mais rien qui n'a la force de son opus avec Jim Carrey, plus noir, plus passionnant. Trop superficiel ? Sans doute parce que le rêve tente de percer la réalité, de la transpercer même.
La drôlerie sauve parfois de l'ennui. La science des rêves est emprunt de fraîcheur et de légèreté, et bizarrement davantage dans le quotidien que dans l'imagination, grâce à des personnages secondaires loufoques et bien vus, bienvenus. Touchant et amusant. Cocasse et varié. Peut-être un peu trop simpliste, un peu moins profond. Le film est moins riche, mais Gondry se dévoile davantage. Aventures intérieures et familières plutôt que divagations à effets et hollywoodiennes. ninteen
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