|
|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
La jeune fille de l'eau (Lady in the Water)
USA / 2006
23.08.06
|
|
 |
|
|
|
INRACONTABLE
« - Il entend la voix de Dieu à travers ses mots croisés. »
Le nouveau film de Shyamalan se présente comme un conte enfantin. Ou un film raté, au choix. Le début est long et fastidieux, à l’image de ce générique explicatif qui n’en finit plus. Le ton est donné. La prétention de l'auteur s'est noyée dans ses vanités... La première partie a pour seul mérite de d'installer les personnages, les présentant laborieusement pour que nous puissions bien tout comprendre. Le film passe d'un monde ordinaire et quotidien (ennuyeux donc propice à l'extraordinaire) pour basculer vers quelque chose de complètement fantastique. A partir de là cette Lady devient plus séduisante. Le gardien d'immeuble et tous ses occupants deviennent une espèce de guilde dans la pure tradition des Goonies : chacun a son rôle, même absurde comme cet interprète qui a le don de lire dans les mots croisés. C’est à la fois ridicule et "sérieusement" enfantin. Burlesque involontaire?
Ou alors il s'agit d'une manière de ne pas être déçu par La jeune fille de l’eau, qui n'est pas "que pour les adultes" (rapport à la pub d'un biscuit dans une piscine). Shyamalan, qui n'en finit pas de courir après Spielberg, s'adresse à « l’enfant qui est en chacun de nous ». Le film adopte un ton léger et comique tout en se situant dans un monde fantaisiste et merveilleux. Des séquences telles que l’attaque d’un monstre mi-loup mi-plante tout droit sorti de l’univers de Miyazaki peuvent être vues comme une farce ou, un imaginaire limité. Selon l'attente que l'on a de ce genre de production, l'humeur du moment. On peut en rire ou pleurer. Le savoir-faire de Shyamalan, à défaut de nous impressionner désormais, nous offre de magnifiques plans (l’arrosage automatique, les séquences avec le monstre) tout en puisant une nouvelle fois son inspiration du côté de maîtres comme Hitchcock (la douche de Psycho). S'il plaît à une génération post eighties de spectateurs, c'est peut-être aussi par ce référencement outrancier, cette absence de mémoire, ce plagiat assumé.
On aurait aimé voir davantage son univers, sa rage à l'écran : il n’hésite pas à régler ses comptes avec la critique en en faisant l’un de ses personnages, ouvertement prétentieux, ô miroir ! On remarque également que son temps de présence à l’écran ne cesse d’augmenter depuis son premier film, pour passer de simple cameo à un rôle à part entière. Ô narcissisme ! Révélateur de l’ego du réalisateur qui se clame auteur et qui cherche à utiliser le marketing comme la fin justifie les moyens. Il faut voir l’importance qu’il donne à son personnage : sauveur de l’humanité ! Grâce à ses écrits, l’humanité va connaître un grand changement ! Grotesque ? Ou furieusement hilarant, tant c'est peu crédible. Shyamalan devrait se méfier de ses tendances lelouchiennes...
Heureusement le réalisateur évite de nous resservir son twist habituel. Hélas cela ne rend pas son final meilleur : le happy end est des plus classiques. Normal me direz vous puisqu'il s'agit d'un conte. Regrettons le manque d’originalité de la part de cet artiste qui se vante d'être singulier.
La jeune fille de l’eau n’est pas un film majeur et se situe plus dans la veine (descendante) de ses derniers opus (Le Village, Signes). Il risque surtout de diviser encore plus les amateurs et mateurs, de creuser un fossé toujours plus large entre ses détracteurs, qui eux détesteront, et les autres qui seront aux anges. L’histoire est à portée de toutes les mains, si l'on n'a pas perdu son âme d’enfant. Pour le reste c'est un peu surfait. On ne se refait pas...
ninteen & redac
|
|
|
