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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Je vais bien, ne t'en fais pas
France / 2006
06.09.06
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JAMAIS SANS MON FRERE
« C’est quand même un peu ta faute s’il est parti, non ? »
Nous pourrions croire à lire le titre du nouveau film de Philippe Lioret qu’il va lentement nous faire glisser dans un mélodrame sirupeux et larmoyant, sans grande surprise. Et pourtant, cet habitué des comédies âpres et doucereuses surprend avec Je vais bien, ne t’en fais pas ; il nous embarque dans un drame familial où le suspens et l’émotion tiennent le spectateur en haleine tout au long du film. Une mission qui ne semble pas si évidente. La scène d’exposition – un peu longue – présente le quotidien d’une famille vivant dans un pavillon d’une banlieue quelconque, avec un père aussi étriqué d’esprit que son costume-cravate est impeccable, et une mère au foyer attentionnée, faisant son possible pour soutenir sa fille déboussolée par le départ soudain de son frère. On frôle le cliché "france moyenne vue à la télé". L’affection est présente (même si elle ne saute pas aux yeux). Les non-dits en guise d'amabilité et les mensonges au nom du bien commun masquent une vérité qui devient source de tension. C’est sur cette base ordinaire que quelque chose d’extraordinaire va se produire.
Inspiré par Claude Sautet, Philippe Lioret aime rendre magnifique la plus simple et la plus banale des vies et ses petits tracas. En puisant dans les sentiments les plus authentiques, vivier d’une dramaturgie forte et juste, il espère nous évader, entre le roman de gare et le lyrisme cinématographique (nature déchaîné, larmes abondantes, colères fracassantes). Le traitement des images et ses couleurs sans fioriture, un cadrage serré et de multiples gros plans captant le moindre changement d’émotion, suffisent parfois à nous faire vasciller, si l'on garde un temps soi peu d'innocence cinématographique. Touchant comme un? Lioret : avec une histoire facilement lacrymoniale et des effets télévisuels efficaces.
Cette intimité créée autour de Lili habille un scénario psychologique de plus en plus oppressant, se resserrant tel un piège sur sa proie jusqu’à un retournement de situation final d’abord étrange, puis véritablement tragique. Ce "twist" dans le dernier quart d’heure du film partagera les spectateurs. Les plus terre-à-terre le trouveront peu plausible, voire capillotracté, gâchant le travail tout en finesse du réalisateur. Lui qui a su éviter le sentimentalisme et le pathos exagéré de la relation difficile père / fille et la subtile éclosion de l’amour avec Thomas nous prend à rebrousse poils.
Donnant ainsi du grain à moudre aux aux autres, dont la sensibilité est restée intacte (voire d’une naïveté infantile), qui resteront abasourdis et sans voix, et prendront toute la mesure et l’importance de l’amour que peuvent éprouver des parents envers leurs enfants. Il est à espérer que l’ellipse finale mettra tout le monde d’accord en laissant à chacun la possibilité d’imaginer la fin qu’il lui plaira.
Si le scénario pêche par un léger manque de rigueur, on l’oublie aisément face au jeu fragile et fortissimo de Mélanie Laurent. A fleur de peau, elle passe du rire aux larmes, du désarroi à l’espoir le plus naturellement du monde et sans fausse note ; le spectateur se laisse emporter dans sa quête, s’identifie en peu de temps . On retrouve aussi avec plaisir le gai pinçon Kad Mérad qui donne une densité tragique à son personnage, juste et sincère. Presque méconnaissable...
L'émoi reste vif et intacte tout au long du film grâce à une jolie partition musicale, aaron, dans la lignée de Coldplay, prenant le cœur du spectateur en otage à trois reprises. Des images, des sons et une autre façon de dire « Je t’aime »…
de quoi passer un bon moment en amoureux... Marie
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