Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 95

 
Poltergay


France / 2006

25.10.2006
 



QUEER AS GHOSTS





« Vous avez des fantasmes homo : assumez-vous, passez à l’acte, ça ira mieux. »

C’est vrai, le cinéma français manque cruellement de maisons hantées par des fantômes homosexuels. On a connu les placards, les boîtes de nuit, les cages… mais peu de vieux manoirs inquiétants habités par des forces surnaturelles gays. (Qui a dit « tant mieux » ?) Il était temps, Eric Lavaine et Hector Cabello Reyes viennent enfin de réparer cette injustice en écrivant Poltergay, un film où des fantômes gays figés dans les années 70 viennent chanter Rasputin de Boney M dans la cave de Clovis Cornillac, complètement dépassé par les événements. Et il y a de quoi.

Les fantômes, en effet, sont gratinés. Au niveau vestimentaire, le pire des années 70 : sous-pull en lycra, paillettes et chemises pelles à tarte. Au niveau comportemental, un panorama des différentes manières de vivre son homosexualité à cette époque-là et une bonne dose de clichés assumés comme tels et, du coup, poussés à l’extrême : sens esthétique surdéveloppé, attirance instinctive pour la décoration d’intérieur, émotivité incontrôlable, j’en passe et des pires. Le genre de fantômes qui dessine des « bites ailées » sur les murs, monte les armoires en kit et prend des photos du héros sous la douche. Pas bien méchant, vous me direz.

Mais Marc, lui , ça l’énerve. Pas qu’il ait quoi que ce soit contre les homosexuels dopés à Boney M, mais plutôt qu’il tient à sa petite vie : sa femme, son boulot, sa santé mentale. Et voilà que ces apparitions pourtant tout sauf effrayantes viennent mettre en danger tout cela sous prétexte qu’il est le seul à les voir. C’est peut-être la partie la moins réussie du film, celle où les enjeux se mettent en place. Il y a du flottement dans l’air, des tâtonnements, un rythme un peu ramolli. Les scènes de poursuite dans la maison piétinent, les gags sont téléphonés. Patience, tout s’arrange lorsque Emma décide de quitter la maison, exaspérée par les lubies de son mari. Le film bascule alors délibérément de la comédie fantastique à la fantaisie pure.

Les rebondissements s’enchaînent sans temps mort, proposant une flopée de scènes cocasses où le potentiel comique de Clovis Cornillac prend toute sa mesure : qu’il essaye de draguer dans une boîte gay ou qu’il se laisse déborder par les initiatives culinaires et vestimentaires de ses nouveaux amis, il est tout simplement génial. Il faut voir sa tête face au phallus énorme (enfin c'est ce qu'on devine) de son "premier" mec... Ses camarades fantômes (dont unex de Delanoe) ne sont pas en reste. Servis par des répliques définitives du type : « Mais tout le monde est homo. L’hétérosexualité, c’est de la propagande bourgeoise » ou « Non, mais moi, un homme qui pleure avec des pectoraux pareils, moi ça me bouleverse », ils apportent beaucoup de liberté et d’esprit à un scénario sans cela relativement conventionnel. Si bien que l’on peut assurer à coup sûr qu’à défaut d’être follement débridé, Poltergay comble plus qu’honnêtement les lacunes du cinéma français en terme de maison hantée par des fantômes gays...
 
MpM

 
 
 
 

haut