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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les Infiltrés (The Departed) (The Departed)
USA / 2006
29.11.2006
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TAUPES OF THE COP
Il n'y a personne de plus faux cul que les policiers, sauf les flics qui passent à la télé"
Tic assumé, clin d’oeil à ses fans? Il y a des signes qui ne trompent pas dans l'oeuvre de Scorsese. A savoir que si l’incontournable standard des Stones Gimme Shelters vient se glisser dans la bande originale d’un film de Marty (ici notamment en ouverture), c’est que ce dernier a l’assurance de pouvoir revendiquer craneusement un gros coup (Goodfellas et Casino qui ont largement contribué à sa réputation ont bénéficié du classique de Jagger et Richard). L’adage se vérifiera en tout cas une fois de plus pour The Departed, récupération avisée et inspirée d’un thriller hong kongais passé à la postérité qui pourrait faire date.
Si Scorsese renoue pour le plaisir des connaisseurs avec le film de gangsters, il n’en ressort pas pour autant ses vieux pots, mais semble au contraire avoir trouvé un nouveau souffle. Ayant usé récemment son savoir faire sur d’imposantes et périlleuses reconstitutions historiques (Gangs of New York ou The Aviator), le réalisateur récupère dans la modernité du polar une limpidité spontanée qui finalement colle idéalement au moteur de son cinéma. Son proche voisin et collègue Spike Lee avait lui aussi révisé sa grammaire cinématographique en se confrontant cette année aux codes actuels du film de genre pour Inside Man, recouvrant la maîtrise de ses moyens et de son sujet, ainsi qu’une énergie qu’on lui avait oubliée.
Au détour de Boston, Scorsese lâchera cependant ses racines, soit la famille italo américaine (trop embourgeoisée dans les banlieues du New Jersey?) pour voguer vers d’autres cultures. S’ouvrant sur le monde (Kundun) et sur l’Amérique communautaire (déjà signifiée dans Gangs of NY), il demeure néanmoins ancré dans les obsessions de son éducation religieuse (irlandais obligent, on reste entre catholiques). Entre rédemptions impossibles et filiations maudites engendrées à travers le prisme du bien et surtout du mal, Scorsese ne trahit pas sa vision personnelle de la condition humaine. Cette mauvaise graine stérile vouée à la destruction (Nicholson/Costello sans enfants naturels et Damon/Sullivan qui n’a pas la banane) en quête de paternité devient rapidement le c½ur de The Departed, humanisant la trame d’origine de Infernal Affairs qui esquissait à peine l’aspect héréditaire. Le tout renforce le diabolique partie de chat et de souris initiale, sans l’alourdir un instant. Au contraire, le mot d’ordre passé à l’équipe semble même avoir été d’écraser la pédale, le pied au planché. Réalisation nerveuse, montage frénétique qui soutient une tension sans temps mort et dialogues ciselés par l’épatant William Monahan permettant aux protagonistes de mitrailler les répliques définitives. Du pur bonheur bien évidemment pour les acteurs. Si Jack Nicholson ne surprend plus depuis des lustres tant il a poussé la démesure jusqu’à ces ultimes retranchements, ses extravagances psychotiques sont un privilège qu’il est un des rares à pouvoir se permettre sans effleurer le ridicule. Face à lui, la nouvelle garde tient bon: Matt Damon, enfin ouvertement infréquentable, avec un rôle peu valorisant bien que délicat dans les faux semblants et DiCaprio qui remet les pendules à l’heure en rappelant que l’intensité magnétique de son jeu peut faire oublier aisément sa sanctification planétaire. Les seconds rôles ne seront pas à blâmer, ils sont tous parfaits, même le fade Mark Wahlberg qui scotche en teigneux rouspéteur.
Bref, du pain béni pour les Oscar, sans que Scorsese, pourtant solidement arrimé sur ses rails, ne cède un pouce à l’académisme. Sa liberté de ton, ses audaces de mise en scène, son humour féroce et sa cruauté réjouissante témoignent dans la débauche d’efforts d’une générosité confondante et d’un appétit insatiable. Voir The Departed et oublier les vains efforts de répétition hollywoodiens dans la catégorie thriller de l’année écoulée. PETSSSsss-
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