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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Comédie de l'innocence
France / 2000
28.02.01
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L’ENTRE DEUX MERES
Le titre du film est trompeur. Il ne s’agit pas d’une comédie, mais bien d’un drame qui joue la comédie. Et l’innocence, éventuellement symbolisée par l’enfant, est surtout un cumul de culpabilités, celles des mères et celle du gosse.
Raoul Ruiz a toujours aimé dérouter le spectateur, avec du surréalisme, des histoires abracadabrantes, et des personnages féminins aux frontières de la folie. Son plus récent film n’échappe pas à ses propres règles, lui permettant des effets de miroirs, des reflets déformants et des femmes à double visage.
Tout dans cette histoire ne pouvait qu’attirer le cinéaste chilien. Cette improbabilité qu’un enfant pouvait avoir deux mères est d’ailleurs soigneusement entretenue par un script bien ficelé, et un scénario qui ne vire jamais dans les excès d’un suspens hollywoodien ou d’un film d’auteur ennuyeux. Ruiz, même dans ses plus mauvais films, sait maintenir sa propre singularité au service d’oeuvres qui en deviennent plus ou moins baroques.
Comédie de l’innocence, dans la droite lignée de Généalogies d’un crime, est une enquête à la fois extérieure et introspective, tourmentant une femme, dans un contexte moderne et virtuel. Huppert, roussie comme Deneuve, traque un mystère sur son enfant et la vérité sur elle-même. Cependant, cette psychanalyse a une limite : elle ne captive pas les mateurs. Le manque de rythme et la surcharge des symboles freinent la fluidité de l’histoire, ponctuée trop souvent des insupportables conneries du gamin (à claquer). En revanche, le duo des deux mères Huppert et Balibar joue parfaitement ce rôle de maman au bord de la crise de nerf. Par leur présence, elles apportent la juste dose de folie, de névrose, d’inquiétude, et portent sur leurs épaules toute l’intrigue du film. Castrateur, le Ruiz désincarne ses interprètes masculins et en fait des pères ou des tontons absents, lointains, oubliés.
Même si ce n’est pas, de loin, son meilleur film, Raoul Ruiz nous livre un film intéressant, rempli de références. Une sorte de subconscient décortiqué qui enrichit notre compréhension du comportement et de ses pathologies sentimentales. Un drame de l’intelligence, en résumé. vincy
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