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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les petites fleurs rouges
Chine / 2006
27.12.2006
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JEUX D’ENFANT
"Tu veux jouer au docteur ?"
Tout commence comme dans un film pour enfants doux-amer, avec bêtises, espièglerie et chagrins inconsolables. Le petit Qiang débarque dans un pensionnat où il doit soudainement se plier à de nouvelles règles que personne ne prend vraiment le temps de lui expliquer. Il réagit avec les seules armes qu’il a : mini-transgressions et tentatives maladroites de séduction. Rien de bien méchant, en somme. Les 400 coups chez les tout-petits, avec tout ce que cela suppose de cocasserie et d’humour. Si ce n’est que peu à peu, le film dérive en une sorte de cauchemar tout éveillé.
Les institutrices ne sont ni méchantes ni cruelles, les locaux ne sont pas absolument vétustes, les enfants ont même l’air heureux… pourtant il règne dans ce pensionnat une ambiance de société concentrationnaire. Tout y est régenté, organisé, surveillé. Qu’il s’agisse de la manière de s’habiller, de manger ou de se comporter, tout est absolument sous le contrôle implacable des adultes. Le matin, un coup de sifflet rythme le passage des enfants auprès d’une institutrice qui leur lave le derrière à la chaîne ( !). A heures fixes, ils sont amenés aux toilettes (un long sillon étroit au-dessus duquel ils s’accroupissent les uns derrière les autres), priés de faire sur commande le besoin adéquat. Ceux qui "obéissent" reçoivent une petite fleur rouge, équivalent de notre bon point. Les autres n’ont qu’à faire un effort. Uniformisation des comportements et contrôle absolu des moindres détails : on est soudain plus dans 1984 que chez Truffaut.
Minutieusement, Zhang Yuan ausculte les effets d’un tel dirigisme sur de jeunes esprits. Il y a ceux qui suivent sans réfléchir, ceux qui profitent du système et ceux, comme Qiang, qui s’excluent d’emblée. Le petit héros, doté d’une forte personnalité, ne parvient en effet pas à entrer dans ce moule absurde. Il fait l’apprentissage de la différence dans un univers qui nie jusqu’à l’existence même de cette différence. Et puisqu’un seul individu est susceptible de menacer le groupe, son refus de s’intégrer devient une sorte de déclaration de guerre à l’encontre du pouvoir.
Même si l’on ne dispose d’aucune indication temporelle pour situer l’époque à laquelle se passe le film, la critique à l’encontre du régime communiste est transparente. Un bon communiste s’éduque dès le plus jeune âge, dénonce en substance le réalisateur. Quant aux réfractaires, il est nécessaire de les repérer et de les éliminer au plus vite. Et quand on tient une bonne méthode, pourquoi ne pas l’appliquer à une société tout entière ? Thèse peu réjouissante mais hélas non dénuée de fondements.
Mais plus que la dénonciation politique, c’est le regard très extérieur porté sur les enfants, regard plutôt chirurgical que bienveillant, qui fait froid dans le dos. On sent que les petits personnages ne sont au fond qu’un prétexte pour relire l’histoire récente de la Chine. Et la complaisance avec laquelle Zhang Yuan filme les scènes les plus intimes et les plus volontairement choquantes a un arrière-goût de manipulation. L’intention originelle, noble et courageuse (le régime chinois actuel n’aimant guère que l’on fasse son auto-critique à sa place), s'afface quelque peu derrière ces maladresses. Le parti pris du réalisateur se défend, mais le sentiment de malaise ressenti par le spectateur aussi. MpM
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