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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Hannibal Lecter : les origines du mal (Hannibal Rising)
USA / 2007
07.02.2007
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HANNIBAL HOLOCAUST
« - Je t’aime.
- Que reste t-il en toi à aimer ? »
Enième déclinaison de l’histoire d’Hannibal (le cannibale) : s’agit t-il cette fois ci pour les producteurs d’établir une autre "prequel" opportuniste ou de faire un film d’horreur efficace ?
Premier problème. Le film ne sait pas sur quelle rotule danser, bancal dans ses indécisions entre film de guerre, de samouraïs, et d’horreur… Malheureusement, les deux premiers genres cités ne conviennent pas du tout au style et à l’ambiance de ce personnage "emblématique". Cette multitude de facettes s'avère néfaste à l’ensemble, puisque aucun des trois aspects n’est traité correctement.
Second problème. Dans sa construction, le film aborde toujours le même schéma : Hannibal poursuit un meurtrier, le trouve, demande ou se trouve le prochain, puis le tue, ainsi de suite jusqu’à la fin du film. Une sorte de jeu vidéo bestial et méchant. La pauvreté du scénario ne comble pas les nombreux passages à vide et ennuyeux.
La réalisation fait tâche (comme du gros rouge), abusant de ralentis censés montré l’horreur d’une séquence et l'enlaidissant avec complaisance. La mise en scène en devient ridicule et l'inommable fait presque rire.
L’acteur interprétant ce jeune Hannibal Lecter évoque de faux airs de Crispin Glover. Mais sa figure de jeune premier, ni vraiment candide pervers, ni vraiemnt visage maléfique, n’est pas du tout crédible pour le personnage. Loin de toute subtilité, il se limite juste à un sourire de détraqué et une voix calme et monotone, rappelant de manière caricaturale le grand jeu d’Anthony Hopkins. On y perd en crédibilité.
Il y avait un potentiel certain. On l'esquisse parfois lorsque Hannibal tend une cerise à une fillette pour l’appâter, comme un piège tendu à une proie innocente. Le tension psychologique existe le temps d’un instant, mais le scénario ne se risquera jamais à verser dans la cruauté, ni à la mettre véritablement en danger. On ne comprend pas bien l'utilité d'un tel monstre au cinéma, dans ce cas si les tabous ne peuvent pas être transgressés, et si la caméra n'explore pas nos démons les plus refoulés.
L’échec est donc sans appel, c'était prévisible. Le film tient du pêché originel se fondant sur de mauvaises bases. Quel besoin de vouloir tout expliquer? Les zones d’ombres ne sont pas nécessairement là pour être éclairées. Liassons Hannibal hors-champ, il nous y parle davantage qu'en l'exhibant. Série profondément anti-cinématographique, ces suites et révélations, pour expliquer le pourquoi du comment n'a aucun sens. Et nous lasse.
Le suggestif était la force du bien nommé Silence des Agneaux. Hélas, l'outrance et le pornographique tentent d'aguichier le spectateur. En brisant tout mystère. Ce mystère repose sur un "non être", une "chose" inatteignable qui nous fascine et nous fait brûler du désir de la découvrir. Le révéler, le définir, ou le rendre compréhensible, c’est une manière de le détruire. Au final seul Le silence des agneaux résistera au temps. Grand film noir, il explore davantage les tourments intimes plutôt que de se goinfrer de cervelle et d'hémoglobine.
Les origines du mal n'auront fait de mal qu'à ceux qui espéraient autre chose qu'une justification sans imagination d'un comportement humain peu commun. Le film lui est commun et sans intérêt. ninteen
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