Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 8

 
Par Effraction (Breaking and Entering)


Royaume-Uni / 2007

14.03.2007
 



CASSURES





« - On n’a pas enfreint la loi.
- Tout le monde l’a enfreinte. »


Avec un prologue aux faux airs de Yamakasi et un épilogue aux accents mélodramatiquement hollywoodiens, Par effraction a du mal à trouver son équilibre. Toujours en rupture, le film ne parvient pas à concilier ses ruptures et ses vertiges, ses conversations et ses isolements, sa liberté affirmée et son autisme enfermé. Les déplacements de jeunes de toit en toit, le cambriolage apportent une touche de spectaculaire dans un film qui ne l’est pas, et qui parfois frôle l'ennui.
"Quand cesse-t-on de regarder?" Quand l'homme se désintéresse de celle qu'il aime? Quand le spectateur ne s'intéresse plus aux comédiens qu'il adore? Et que faut-il faire pour ne pas en arriver là? De l'action? Du sexe? De la manipulation? Tous les ingrédients y sont, et pourtant, c'est lorsque le scénario nous conduit sur le fil entre raison et folie, entre routine et vérité qu'il nous captive le plus. L'histoire, scindée en deux parties bien distinctes et assez harmonieuses, est plutôt bien construite. Ce récit entre deux femmes étrangères, la glaciale scandinave et la chaleureuse balkanique, prêtes à tout pour protéger leur enfant, piège Jude Law dans une évidente schizophrénie (trop discrète pour un tel drame). Il fait presque office de personnage de trop. Pourtant il est celui qui va lentement changer notre regard sur les gens, et leurs vies fictives, nous conduisant ainsi à une morale convenue mais bienveillante. "Tu as une vie et tu n'en fais rien." Tout se résume à ça. Tout est cassable (les relations), tout peut-être brisé (les objets). Les destins peuvent même dérailler. Nous sommes vulnérables, et la société est implacable.
Film noir zébré d'éclaircies, pessimiste mais se voulant plein d'espoir, Minghella reste intelligent, et parfois trop complaisant, dans sa réalisation. Il use sans abuser des métaphores - cette irruption du renard dévoile l'intrusion de la sauvagerie dans notre civilisation urbaine et nous renvoie à nos peurs primitives. Les seconds rôles sont superflus tant ils sont caricaturaux et mal exploités. La tonalité triste de la vie (vision du couple, situation sociale des immigrés) dans un message qui se révèle finalement positif (le pardon, la reconstruction) se résume à travers le personnage du policier, flic de proximité plutôt malin.
Cependant, les qualités du métrage sont autant de défauts à mettre au compte de son histoire. Si l'on pénètre dans l'intimité des gens, jamais nous nous en sentons proches. Même si le ol matériel est estompé par la vigueur de l'essentiel, soit l'Autre, la réparation, la recomposition, la reconstruction est trop lourdement mise en scène. Anthony Minghella a fait le choix de raconter une histoire de connexion sans vraiment essayer de nous y connecter. Les souvenirs effacés, la vaisselle cassée, le passé indélébile ne suffisent pas à nous faire aimer ses blessures de l'âme, malgré tout le talent des comédiens pour nous convaincre de leurs destins friables.
 
ninteen & v.

 
 
 
 

haut