|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Les oubliées de Juarez (Bordertown)
USA / 2006
25.04.2007
|
|
|
|
|
|
SOUVIENS-TOI D'ELLES
"La justice à deux vitesses existe partout. Ne crois surtout pas que c'est différent aux Etats-Unis. Je le sais, j'achète des hommes politiques dans les deux pays."
La mention "tiré de faits réels" est à double tranchant. Soit c'est une excuse à peine voilée pour sortir un mélodrame raté mais bénéficiant d’une caution morale en béton, soit le réalisateur tient vraiment un sujet en or et, quel que soit le traitement qu'il lui inflige, il parvient à communiquer son enthousiasme et son intérêt aux spectateurs. Avec Les oubliées de Juarez, on est indubitablement dans la deuxième optique. L'histoire de ces jeunes femmes violées et assassinées en toute impunité sur fond de corruption politique et policière prend aux tripes. Cela tient peut-être à la séquence d’ouverture haletante et révoltante à la fois qui suit la jeune Eva de l'usine où elle travaille au désert où deux hommes la violent et la laissent pour morte. Car après avoir découvert le destin de cette femme (et de ses nombreuses semblables), impossible de rester indifférent à la suite de l’histoire, convenue mais efficace.
Et pourtant, Gregory Nava n’est ni le roi de la subtilité, ni le champion de la mise en scène. Déjà il ne nous épargne pas grand chose en terme de musique tonitruante qui souligne les moments dramatiques. Epuisant. Ensuite, histoire de "pimenter" une intrigue qui n'en avait pourtant nul besoin, il affuble son héroïne d'un passé douloureux et d'origines mexicaines refoulées. Comme s’il fallait automatiquement venir de ce pays pour s’identifier aux victimes ! Enfin, le choix de Jennifer Lopez dans le rôle de l’intrépide journaliste dérange un peu. Trop lisse.
Alors on se prend à rêver. Dans les mains d'un grand metteur en scène, Les oubliés de Juarez aurait pu être un thriller politique redoutable. Reste un film intéressant qui multiplie les dénonciations (corruption, violences policières, collusion des notables, justice à deux vitesses, négation de la liberté de la presse) et dresse un tableau édifiant d'une certaine réalité mexicaine. Par extension, ce sont les facettes les plus troubles de la société américaine qui sont exposées crûment aux yeux du grand public. Une goutte d'eau dans l'océan, peut-être, mais il faut bien commencer quelque part.
MpM
|
|
|