Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



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Spider-Man 3


USA / 2007

01.05.2007
 



QUE LA FORCE SOIT AVEC LUI

Le livre Bye Bye Bahia



"On a tous besoin des autres, Peter, même Spider-Man"

Après avoir accepté les responsabilités de son statut de super héros, Peter Parker doit désormais faire face à ses propres démons. Notre pire ennemi n'est-il pas toujours en nous-même ? Pour ce troisième volet des aventures de l'homme araignée, l'équipe de Sam Raimi a décidé de jouer plus que jamais la carte du psychanalytique en donnant au jeune homme l'occasion de basculer du côté obscur de la force. En devenant un Spider-Man noir, plus violent et plus fort, Peter expérimente une nouvelle facette de sa condition de surhomme, la tentation de l'omnipotence. D'autant que cette nouvelle force se propage à sa vie de tous les jours, modifiant profondément sa personnalité intrinsèque. On assiste alors à la naissance d'un Peter sûr de lui, agressif, ultracool, et rapidement complètement ridicule et insupportable. Métaphore d'un homme sous coke, pour dire que la drogue c'est mal. Plus grand chose à voir avec l'ado complexé des débuts.

Très vite, cette évolution, que l'on aurait pu prendre pour un passage (tardif) à l'âge adulte, est connotée négativement. Le gentil Peter ne saurait être autre chose qu'un parfait boy-scout qui enferme et rejette ses pulsions (après avoir caché sa tenue noire dans un coffre, il l'arrache de son corps dans une mue très symbolique). S'il refuse d'embrasser "le mal", notre jeune héros n'est pas non plus prêt à s'assumer tel qu'il est au fond de lui (moins coincé et plus fun) ni même à changer. Autour de lui, la plupart des personnages masculins souffre de cette dualité non assumée. Harry déchiré entre l'amour qu'il porte à son père et celui qu'il a pour Spider-Man, Flint Marko qui se transforme en l'Homme-Sable, Eddie Borck qui devient Venom… même Mary-Jean semble avoir un double (inoffensif, celui-là) en la personne de Gwen Stacy.

Que chacun ait sa part d'ombre, voilà qui n'est pas nouveau. Mais l'intérêt de cette profusion de doubles inversés, maléfiques ou tout simplement exacerbés est de montrer les différentes manières de gérer cette part d'ombre. En la combattant fièrement, comme ne manque pas de le faire Peter, ou au contraire en l'utilisant, quitte à se laisser totalement submerger, à l'image de Venom. Moins intéressants sont les autres personnages qui oscillent entre le bien et le mal comme de parfaits balanciers : ces allers et retours d'un bord à l'autre ont plutôt tendance à casser le rythme, et surtout semblent trop systématiques pour être subtils.

C'est probablement là la plus grosse faiblesse de ce troisième Spider-Man, un enchaînement artificiel des scènes, une intrigue délayée et molle, quelques personnages inutiles ou maladroits (la grand mère, la blonde de service) et une surenchère un peu gratuite dans les séquences d'action. Sam Raimi filme tout cela avec trop de componction pour sauvegarder la tonalité volontairement excessive des comics. Il a beau malmener ce nouvel avatar de l'homme araignée, ne lui épargnant définitivement rien, le film ne peut s'empêcher de se prendre au sérieux et de nous livrer une morale prête à penser ("on a toujours le choix de faire le bien, blablabla").

Dommage car au fond, il ne manque pas grand chose au film pour séduire son public : un peu d'air frais, un renouvèlement des personnages, un dépoussiérage en règle des enjeux. Spider-Man évolue dans un univers confiné et figé, il a besoin de prendre l'air. Au lieu de quoi, on nous ressort toujours le meurtre du grand père, la douceur de la grand mère, les hésitations de la fiancée, les colères du patron… La vie de Peter Parker, le monde dans lequel il vit, tout semble terriblement replié sur soi-même. Dès le générique, on a droit à un résumé des chapitres précédents, puis ce sont des allusions aux moments fondateurs du mythe Spider-Man, le passé qui n'en finit plus d'influencer le présent et cette impression ténace que le héros de progresse pas. A chaque épisode, on croit qu'il a appris quelque chose, qu'il va avancer et grandir, et systématiquement on en revient au même point : mêmes personnages, mêmes vannes, mêmes situations à dénouer. De quoi vous rendre complètement claustrophobe !

Alors, on a beau nous en mettre plein la vue avec des séquences de combat inouies et spectaculaires et des effets spéciaux étonnants (les mouvements de l'Homme-sable, époustouflant), les méchants ont beau rivaliser de cruauté pour détruire Spider-Man, MJ a beau hurler de plus belle, suspendue dans le vide, c'est indéniable, la série s'essouffle. Ou plutôt, Spider-Man, à force de trop douter de lui-même, semble poussif dans son élan. A ce stade, on ne voit pas trop comment les scénaristes pourraient justifier la nécessité d'un quatrième épisode, à moins de parler en termes purement financier, dans le cas où ce troisième volet ferait un nouveau carton. Mais même les fans les plus absolus risquent non plus de se prendre pour l'homme voltigeur mais bien pour des victimes piégées dans la toile. Le divertissement ici manque de profondeur et peut être même n'assume-t-il pas complètement la transgression de ses propres tabous : bref, il s'empêche d'être libre, à trop regarder le passé.
 
MpM

 
 
 
 

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