Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Cowboy Bebop


Japon / 2001

01.10.03
 



LES MARSENAIRES

Le livre Bye Bye Bahia



"- Les jeux du XX ème siècle sont bien mieux. C’est si primitif."

Pour ceux qui connaissent la série télévisée, le film fera l’effet d’un double épisode sur grand écran. Une formule premium, une recette enrichie. Notamment au niveau de l’animation, puisque nous sommes proches d’une fluidité réellement cinématographique, et donc loin des défauts d’une animation télévisuelle. De plus, que vous soyez fans ou novice, vous auriez tort d’éviter la planète rouge pour vous perdre dans l’espace. Ce dessin animé japonais - qui pourrait être l’écho contemporain d’un "Capitaine Flam" - emprunte ainsi à Hollywood ses codes cinématographiques, du film noir à la Science Fiction en passant par le western et le thriller. Les 4 genres où le cinéma américain a atteint sa quintessence visuelle. Même l’érotisme répond aux clichés du genre et vise davantage les jeunes mâles qui baveront devant les beaux seins de Faye. Ce mélange de richesse imagée dans les références et de direction artistique (décors, personnages, ...) très convenue pour ne pas dire déjà vue prouve un réel manque d’imaginaire. Même si l’anachronisme est un élément essentiel de la série, il n’en demeure pas moins que cela reflète l’absence d’utopie, indispensable pour de la science-fiction. Là où l’animation japonaise a l’habitude de nous faire voyager dans de nouveaux mondes, nous nous retrouvons sur Mars en terrain familier. Un comble. D’autant que Mars en a fait fantasmer plus d’un. A trop flirter avec le réel et le 7ème Art, Cowboy Bebop pourrait être vite démodé.
Aussi, le plaisir vient d’ailleurs : des personnages au caractère bien trempé, avec notamment un (anti)héros blasé mais insolent, dépressif mais combatif, sexy mais pas sexuel. Et surtout, le scénario, loin du simplisme habituel en matière d’animation, s’offre une histoire digne de ce nom, avec enjeux à la clef et rebondissements en pagaille. Ici, il y a peu de place pour l’émotion et pourtant les protagonistes ne manquent pas de sentiments et de contradictions. À l’image de ces vaisseaux spatiaux futuristes qui côtoient des téléphones mobiles très années 90. Cette équipe de chasseurs de primes est assez vite mal en point. Seule, Ed, ado déjantée, folledingue et réellement attachante, s’en sort à peu près en étant hors normes. Mais les scénaristes ne se sont pas privés pour plonger les autres dans de belles séquences d’action et quelques moments de torture. Et là, le dessin animé fait souvent mieux que le cinéma. Prenons comme exemple la scène du métro aérien. Dans Bad Boys II, il y a une course-poursuite similaire entre un flic et un criminel. Force est de constater qu’elle est davantage "tripante" dans Cowboy Bebop. Watanabe n’a pas pu résister à pousser l’hommage plus loin encore en recréant un vieux film, des images d'archives et en se faisant plaisir avec de très belles images.
Avec de tels êtres si solitaires, et à partir d’une histoire d’amour qui a encore mal tourné, le scénario se devait d’être un peu amoral. Après tout ce sont des mercenaires qui s’attaquent à des pirates parce que la bêtise administrative ne parvient pas à freiner l’enfer qu’elle a déclenché. Autrement dit, il y a une forme de pensée résistante voire anarchiste, où le pouvoir politique n’est pas si bien traité et la police ridiculisée alors qu’elle est omnipotente. Dans cette cité sur Mars, symbole d’une réplique des métropoles terriennes, fusionnées par la mondialisation, la vie ne semble pas meilleure. L’allégorie de cette menace terroriste rejoint assez des auteurs comme Dantec ("Babylon Babies") qui ne voit pas dans le pouvoir officiel la solution aux problèmes.
Intelligent et divertissant, Cowboy Bebop nous donne envie de revoir ou de découvrir cet univers pas si étranger et complètement dépaysant. Un seul conseil : allez voir le film en Version Anglaise. La traduction des sous titrages est désastreuse ("So be it" est traduit par "Inch Allah) alors que les dialogues (comme la musique d’ailleurs) sont excellents.
 
vincy

 
 
 
 

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