Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Rogue, l'ultime affrontement (WAR)


USA / 2007

05.09.2007
 



PAS DE SYMPATHIE POUR MR VENGEANCE





"Une seule chose est sûre, le sang va couler avant que tout soit terminé…"

De vous à moi, j'adore les histoires de vengeance et de règlements de compte. D'accord, leurs intrigues brillent rarement par leur originalité, mais paradoxalement, elles donnent souvent lieu à des films efficaces, musclés, voire survitaminés. Avec en sus les motifs moraux de la punition, du pardon et de la rédemption. Quiconque s'intéresse un tant soit peu au cinéma asiatique s'est retrouvé confronté à ces thèmes déclinés sur tous les tons et sait quelle résonance toute particulière il prend dans les cultures extrêmes-orientales. D'où l'intérêt que, malgré la présence de Jason Statham, une affiche ratée et un sous-titre grotesque ("Celui qui cultive sa vengeance se consume, celui qui l'ignore se renie"), cette histoire de vengeance sur fond de guerre rangée dans les milieux asiatiques de San Franscisco pouvait susciter.

Las, le contexte asiatique est principalement un prétexte pour s'offrir Jet Li et les scénaristes s'en donnent à cœur joie dans la caricature : le grand chef yakuza est brutal, omnipotent et obsédé par l'argent, sa fille est une peste ridicule, son pire ennemi, un Chinois, est sournois et distingué, etc. Si bien que le potentiel particulier des deux communautés n'est jamais exploité. Quant au thème de la vengeance, quand il n'est pas noyé dans l'enquête bancale du FBI, il apparaît sous la forme excessivement subtile de flash-backs hallucinés venant nous rappeler les événements horribles ayant eu lieu à l'écran dix bonnes minutes plus tôt. On ne sait jamais, on pourrait soit avoir oublié le meurtre horrible du coéquipier du héros et de sa famille, soit ne pas avoir saisi le rapport avec la suite des événements. A quand un sous-titre pour chaque scène, histoire d'être bien sûr que les spectateurs comprennent où en est l'intrigue ? Ah pardon, j'oubliais la musique, qui est déjà là, lourde, répétitive et à la limite du supportable, pour souligner les scènes d'action.

Et ce n'est pas tout. Au milieu de ce jeu du chat et de la souris qui ne commence jamais vraiment (curieusement, l'intrigue est plus axée sur la guerre inter-communautés que sur le face à face entre les deux ennemis jurés), il y a Jason Statham en agent du FBI très très fort mais très très maussade. Et là, c'est la catastrophe. Car l'acteur se prend pour Bruce Willis et fait beaucoup la gueule (pour montrer qu'il est en colère, et en même temps bien embêté, on suppose). Pas de chance pour lui, il n'a ni le charme, ni l'humour, ni surtout les capacités d'autodérision de Willis. Pour le faire rire, l'agent Crawford, il faut sacrément se lever de bonne heure. Du coup, c'est le spectateur qui rit devant tant de fatuité.

Sauf que le film n'est absolument pas conçu pour cela, lui qui se prend au contraire terriblement au sérieux. Forcément, cela crée un gap infranchissable entre les ambitions démesurées du réalisateur (offrir un film d'action réaliste, violent et passionnant) et la réalité : une sorte de téléfilm-patchwork aux accents grotesques et aux rebondissements téléphonés. Même les scènes d'action restent une grosse déception : la plupart des combats manquent de souffle, hormis dans la dernière partie du film, où soudain les scénaristes réalisent qu'ils ont Jet Li au casting, et qu'ils peuvent peut-être lui faire faire autre chose qu'utiliser un revolver… Cela donne lieu à quelques passes d'arts martiaux et surtout à un combat au sabre traditionnel qui aurait été joli s'il ne s'interrompait déjà à peine commencé. D'ailleurs, tout le paquet semble avoir été mis sur la dernière partie du film, puisqu'on y assiste à une demi-douzaine de retournements de situation à la suite, rebondissements qui apportent un regain d'intérêt en même temps que d'incohérence (sans dévoiler la fin, difficile de croire, au vu de leurs actes tout au long du film, que les personnages soient ce qu'ils prétendent finalement être…). Et le pire, dans tout ça, c'est que malgré un titre français qui semblait nous promettre la fin des aventures de Rogue en même temps que leur commencement (du moins, c'est en général ce que signifie le terme "ultime), l'épilogue, lui, suggère très manifestement qu'une suite reste possible. Rogue, l'ultime retour du dernier affrontement de tous les temps (ever) ?
 
MpM

 
 
 
 

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