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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cravate Club
France / 2002
03.07.02
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PANIC GROOMS
"- Mais ma chérie, j'ai pas payé pour parler à une pute. Je n'en suis pas là!"
Ce n'est ni la première ni la dernière fois qu'un succès théâtral est transposé au cinéma. La Cage aux folles, Le père noël est une ordure, Un air de famille et bientôt Ma femme s'appelle Maurice... il existe une raison évidente, au delà de la réussite comique et du succès public, pour passer de la scène à l'écran : les mots perdurent et la création semble rentrer dans une éternité, celle du 7ème Art, musée audiovisuel.
Cravate Club ne prouve jamais la justification de cette transposition. Jamais le film ne répond au besoin d'exister, en dehors des interprètes, de leurs dialogues et du sujet. Les rares éléments cinématographiques sont empruntés à Klapish. Il suffit de comparer l'utilisation de l'espace par un Fincher et celui cadré dans Cravate Club pour comprendre toute la limite de la mise en scène ; ce qui aurait pu être comme un huis-clos étouffant, une impasse intellectuelle, s'avère juste une représentation banale de l'oppression.
Nous voici face à la crise du quadra, à la fois existentielle et superficielle. Dans sa bulle au milieu d'un monde absurde, il cogite trop et déprime grave. De là toutes sortes de question sur l'amitié et les relations humaines fusent pour aboutir, non dans une apothéose ou une apocalypse, mais dans l'atonie la plus totale.
Le film abuse de la symétrie et des opposés noir / blanc. A une chorégraphie grotesque ("Senorita" chantée par Christophe) sur fond regretté des années adolescentes et seventies, fait écho un combat de catch bordélique. Une forme de désir refoulé, de possessivité maladive, de mal être se dessine bien.
Mais finalement Berling, toujours aussi gras que dans Demonlover, en slip rouge, nous apitoie. Tandis que Baer, qui sauve l'ensemble, très classe, très sobre, nous la joue chic en caleçon bleu. Ils recherchent une fontaine de jouvence, persévèrent leur lien amical limite teenager, et trouvent un miroir qui renvoie leur gueule vieillissante.
Le traitement est hélas trop inégal, se posant parfois trop longuement sur les dialogues, ou n'allant jamais au bout du délire visuel. Pour une scène démente (le poussin) combien d'impasses ?
"L'amitié est un cadeau", alors qu'ici elle semble un fardeau. Sans queue ni tête, sans profondeur psychologique, ce film ne sort pas de son carcan théâtral (peu de personnages) et ne s'en sort pas avec les maigres ajouts. Ces deux hérissons nous hérissent le poil ; leur fenêtre qui donne sur cour est un spectacle bien plus intéressant. vincy
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