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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Invasion
USA / 2007
17.10.2007
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ILS SONT PARTOUT
"En votre for intérieur, vous savez bien qu’en nous combattant, vous défendez une cause perdue."
L'Humanité serait-elle une cause perdue ? Curieuse sensation laissée par cet énième remake d'un classique de la science-fiction. Si l'on s'arrête au premier degré, on est en face d'un film d'action efficace où la tension et l'angoisse vont crescendo. Pas une scène où il ne se passe quelque chose d'inquiétant, avec une mention spéciale pour la séquence d'ouverture hallucinée où l'éclairage blafard et le montage clippé rendent encore plus incohérent le comportement d'une Nicole Kidman complètement décatie. Oliver Hirschbiegel joue avec les nerfs et l'imagination de ses spectateurs en ne montrant que le strict nécessaire, sans jamais s'appesantir : en un éclair, on voit des hommes semblant vomir dans une cruche de café ou un individu en pleine condensation cellulaire… et l'image d'après on est passé à autre chose.
Une fois le sujet correctement posé (la contamination mystérieuse de la population terrestre), l'intrigue se poursuit sur un mode plus conventionnel car extrêmement linéaire. On n'échappe pas à toutes sortes d'évasions spectaculaires et de fuites échevelées, ainsi qu'au sentiment qu'il n'existe pas d'issues de secours. Comme dans tout bon film de zombies qui se respecte, les malheureux héros sont à tout moment entourés, puis submergés par des foules calmes et silencieuses qui se contentent d'avancer lentement mais calmement vers eux… Glaçant, mais pas flippant, puisque tout cela reste gentiment policé. Psychologiquement, c'est une autre affaire, la terreur n'étant jamais aussi efficace que lorsqu'elle est suggérée. On est toutefois dans du cinéma de pur divertissement, pas vraiment destiné à traumatiser ses spectateurs, ce qui ôte un peu de sel à l'ensemble. Surtout dans la dernière partie du film, la plus "américaine", avec son lot de bons sentiments et de face-à-face sans surprises… sans parler d'une fin bâclée.
Mais comme dans tout bon film de genre qui se respecte, la manière dont l'héroïne échappe, ou non, à la menace extra-terrestre qui pèse sur elle compte moins que l' interprétation que l'on peut en faire. Ici, les individus contaminés gardent apparence humaine, mais se révèlent d'une étonnante froideur et indifférence, totalement dépourvus de sentiments et d'émotions. A l'uniformisation de la société s'ajoute une déshumanisation presque complète. Paradoxe, c'est justement cette déshumanisation qui conduit à l'apaisement de tous les conflits du globe et génère une entente parfaite entre les êtres. D'où l'amorce d'un étonnant dilemme qui reviendrait à choisir entre un régime totalitaire idéal et un monde violent et injuste, mais libre. Réponse rapidement expédiée, mais réponse tout de même, à ceux qui prônent une réduction de libertés en échange d'une augmentation de sécurité. Abdiquer ses droits civiques pour construire un monde meilleur n'est pas une solution humainement acceptable.
Toutefois, si l'on pousse le raisonnement à son paroxysme, non seulement les valeurs humaines deviennent un fardeau (on serait tellement plus heureux si l'on ne ressentait rien !), mais elles font en plus figure de combat d'arrière-garde… La violence, elle, devient une simple manifestation de cette humanité dont nous sommes si fiers. Ironique, non, à quel point l'homme est prêt à commettre les pires monstruosités pour rester humain… et à s'inventer les pires motifs pour justifier sa violence ? Toutefois, il ne faut guère compter sur Invasion pour épiloguer sur un sujet si philosophique, ici réduit à un rebondissement anecdotique de l'histoire. MpM
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