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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le créateur
France / 1999
16.06.99
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LE NEGRE INVISIBLE
"- C'est la médiocrité des autres qui va vous donner du talent."
Le plus terrible pour un auteur, c'est de se retrouver devant sa feuille blanche et ne pas trouver l'inspiration. Et l'angoisse de la création est commune à tout un chacun (je ne connais que notre Rédacteur en chef pour ne pas avoir connu ce problème). Et le plus dramatique, c'est de rendre compte qu'on a oublié d'écrire une pièce de théâtre que tout le monde attend.
Ainsi, après la dernière représentation d'une pièce de théâtre qui a connu un immense succès, Darius (Albert Dupontel) est sous le choc. Un choc tellement important qu'il est emmené en maison de repos pour se remettre de ses émotions (trop fortes). En revenant chez, il apperçoit des affiches annonçant sa prochaine pièce. Mais il y a un hic: il a oublié d'écrire! Dur, dur. La comédienne principale a déjà été choisie: Chloé Duval (Claude Perron). Et elle n'a pas l'intention que son image en prenne un coup à cause d'un auteur peu consciencieux. Darius doit se dépécher. Si Molière a écrit Tartuffe en deux semaines, il peut en faire autant, lui l'auteur à succès dont tout le monde reconnaît l'immense talent.
Il espère trouver l'inspiration dans un bar. En rentrant chez lui, il est tellement saoul qu'il en oubli le code pour ouvrir la porte. "Quand on change le code on prévient", hurle-t-il. Cela sera l'une des scènes burlesques du film. Même si cette situation rappelle un des sketchs de Marc Jolivet, la farce fonctionne. En tuant accidentellement le chat du voisin, il lira le synopsis de sa pièce sur son ordinateur. Mais lui ne se rappelle l'avoir écrit. Magie? Il n'en sait rien. Mais, du coup, il choisi de tuer en croyant que cela suscitera l'inspiration au cours de son sommeil.
Il va tuer à tout va. Il devient un serial killer de l'écriture. Beaucoup de gens vont mourir de ses mains. Il se retrouvera, en songe, face à face avec Jésus. Ses délires dirunes et nocturnes doivent l'aider. De fait, la pièce s'écrit au fur et à mesure de ses méfaits. Sans qu'aucune explication rationnelle vienne expliquer cet état de chose. Et si ce n'est pas de la magie, c'est sans doute le Diable qui est derrière tout ça. Quelle ironie pour Darius alors que son frère est prêtre. L'univers quasi faustien est rendu à merveille: les couleurs, les ralentis, la musique, tout est terrible. Même Chloé est monstrueuse. Elle est prête à tout pour avoir sa pièce, pour avoir sa nourriture de fauve médiatique. Et elle va en quelque sorte dévorer ce pauvre Darius...
Qu'on s'entende bien: Le Créateur n'a strictement rien à voir avec Bernie, le précédent film d'Albert Dupontel. Néanmoins, les points communs entre ces deux films, c'est le désir de parler de choses dramatiques, et, également, de traiter deux personnages (Bernie et Darius) par rapport à leur combat contre la Mort. Ils se débattent contre l'inévitable. La vie est une course contre la Mort, et ce n'est pas le meilleur qui gagne. Le Créateur est donc une belle farce noire et onirique... un peu absurde et totalement lunatique. Un cinéma à la fois sitcom gore et farce muette. Un style qui n'est pas encore tout à fait aboutit. Mais il est suffisamment original dans le cinéma français pour qu'on s'en réjouisse. chris
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