Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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France / 2002

30.10.02
 



24 HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME





"- Tout est tellement compliqué dans ce pays."

Il y avait les romans de gare, les polars pour les mâles et les Harlequin pour les dames ; voici les films d’aéroports, romance détaxée où tous les clichés du genre sont réunis. Un conte à dormir debout, en attendant son avion.
Le principal défaut de ce film est sa banalité. Tout y est quelconque, attendu, déjà vu.
L’homme est forcément riche, presque célèbre, prince charmant sensible et vulnérable, doté de ses failles mais prêts à secourir les âmes perdues. La femme est fatalement belle, coquette, au bord de la crise de nerfs, doté de son sixième sens qui lui fait compenser un manque réel d’études supérieures. Nous voici dans une époque révolue où le sexisme est de rigueur. Sous les apparences d’un monde enchanté (les lounges VIP, les grands hôtels modernes et froids), se cache un pitoyable univers conservateur et conformiste, où la moralité est empruntée à une nostalgie mal placée. La vie n’est belle que dans la gentille province française, verdoyante et ensoleillée. Le retour aux sources, il n’y a que ça de vrai.
Oubliez Internet ("le web, ça sent rien"), vade retro le progrès, il faut se recroqueviller sur son bout de campagne, loin des échanges et du métissage. Tel est le propos affligeant de la réalisatrice de La Bûche, qui avait déjà commis une fable démodée où la méchante était la femme ambitieuse et travailleuse !
Mais dans La Bûche, les péripéties meublaient et les dialogues fusaient. Ici, il ne se passe rien. Ou si peu. Le ballet des avions constitue le rare mouvement de ce théâtre Nô à deux. Tout manque d’esprit, de rythme, de légèreté. On critique la malbouffe avec lourdeur et sans nuances. Le maquillage est une métaphore simpliste de ce que l’on veut se cacher, comme la crise d’angoisse associée à l’infarctus signifie bêtement un problème de coeur, plus émotif qu’organique. La confrontation entre l’expat’ libéral et la communiste "France d’en bas" tourne au simple marivaudage où la seule astuce de scénario consiste au tour de passe passe d’un téléphone mobile.
Ces nomades auraient pu nous emmener loin. Mais Jean Réno reste clouer au sol, avec un jeu qui sonne faux, des mots qu’il ne met pas en bouche. Binoche étonne davantage dans le registre gouailleuse même si elle a plus tendance à pleurer qu’à gueuler. Cette overdose de larmes exaspère sous cette allure de fantaisie toc. Et quand on la voit rire, franchement, on songe à "Garbo laughs !", un slogan marketing : "Binoche sait rire !". Le marketing est un acteur très présent dans ce film : publicité gratuite pour Acapulco (sans intérêt), Air France en mécène ou encore Hilton en fournisseur de décors. La psychologie, en revanche, est une véritable absente avec ce duo cliché du mâle intègre et trop exigeant et de la nana prête à accepter les petits compromis. Cela donne des séquences totalement ratées, dont le summum est sans doute celle avec Sergi Lopez : trois acteurs qui jouent mal dans une même séquence, et le plaisir s’évapore immédiatement. Ce changement de registre ne leur vaut rien.
Heureusement, les minutes de silences, les simples gestes, les petites mesquineries et tricheries donnent un aspect humain à tout cela. C’est sans doute l’angle le plus réussi du film. Le dévoilement des secrets, les confessions, et un peu d’émotion sur la fin. Mais le film est si distant, , les références si faciles, la mise en scène si transparente, que le spectateur manque l’avion. Il n’y a finalement rien de comique. Tout est dramatique, voire dépressif. Il s’agit d’une ¦uvre sur deux êtres solitaires qui se croisent, qui se trouvent, d’un univers de solitude, artificiel, superficiel. Le film semble tailler pour l’export. On aurait aimé partir vers une destination moins convenue.
 
vincy

 
 
 
 

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