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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Nouvelle donne (Reprise)
Norvège / 2006
11.06.2008
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MALDONNE
"- C’est là que tout a commencé"
Le cinéma norvégien, du moins ce que l’on en voit en France, a du style, de l’élégance et une bonne dose d’humour, voire d’autodérision. On l’avait (re)découvert l’an dernier avec Norway of life de Jens Lien, on le verra prochainement dans La nouvelle vie de Monsieur Horten de Bent Hammer, et cela nous est dans une certaine mesure confirmé avec Nouvelle donne, un premier film bourré d’énergie et, chose encore plus précieuse, d’envie de cinéma.
Tout est loin d’être parfait dans cette histoire assez juvénile d’une indéfectible amitié confrontée aux réalités de l’existence, mais sa séquence d’ouverture est peut-être ce que l’on a vu de plus réjouissant cette année (ex-aequo avec l’excellente entrée en fanfare d’Il divo de Paolo Sorrentino). A l’écran (en noir et blanc) on voit les deux héros du film s’en remettre au destin et envoyer les manuscrits de leur premier roman à une maison d’édition. En voix-off, un narrateur prend le relais et explique tout ce qui aurait pu se passer ensuite, images à l’appui. Gloire, grandeur, décadence, fâcheries, réconciliation… Toute une vie égrenée en quelques secondes. Et puis l’on revient au début, et l’on découvre (en couleurs, cette fois) ce qui est vraiment arrivé. Une réalité très différente de la rêverie du début ? Pas tant que ça, bien sûr, puisque rien d’autre n’aurait finalement pu advenir qu’une succession de réussites et d’échecs, de jalousie et de complicité. Et si tout cela, finalement, n’était qu’un roman en train de s’écrire sous nos yeux ?
La frénésie et la liberté de ces premières vingt minutes insufflent à Nouvelle donne une dynamique suffisante pour en faire un film extrêmement contemporain, générationnel comme l'était Trainspotting et ses réflexions sur la vie, l'avenir, l'aliénation de notre monde moderne. Son utilisation de la musique punk-rock et de la littérature auto-fictionnelle comme référents culturels universels renforce cette sensation d’assister à l’éclosion d’une œuvre très ancrée dans son époque. A n’en pas douter, la virtuosité et la fulgurance de Joachim Trier, même intermittentes, même démenties par des passages franchement poussifs et confus dans la seconde moitié de l’histoire, trouveront leur écho auprès d’un public avide de nouveauté et d’expérimentations cinématographiques. En surfant sur une certaine philosophie de vie, sur la résignation comme sur l'aliénation, la foi et le labeur, le cinéaste propose une histoire d'amour impossible entre deux hommes, eux égos pas égaux, deux amis, condamnés à foirer leurs histoires sentimentales pour essayer de conserver, vainement, leur lien affectif absolu. Mais le scénario ralentit et l'élan du début s'essouffle. Il enferme son film dans un rôle d’exercice de style certes brillant, mais aussi par moments franchement toc. Comme si le réalisateur, exactement comme ses personnages, finissait par tourner à vide, dandy talentueux victime de cette pose intellectuelle naïvement brandie en étendard, piégé par l'amertume qui se dégage de cette histoire, étouffant ainsi toutes les autres impressions. Le film marque certes par son ambition cinétique et ses hommages culturels mais s'avère stérile dans ses effets. MpM
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