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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The X-files, Regeneration (The X-files, I want to believe)
USA / 2008
30.07.2008
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LE SCENARIO EST AILLEURS
"Ne renoncez pas !"
Dans un sens, Chris Carter peut s’avérer satisfait : seules les très grandes attentes produisent d’aussi grosses déceptions que celle ressentie à la découverte de ce nouveau volet d’X-files. A défaut d’avoir réussi son film, le producteur et créateur de la franchise est donc au moins parvenu à une chose, créer un buzz efficace, suffisamment attractif pour réveiller chez les téléspectateurs des années 90 (qui étaient pourtant largement passés à autre chose) le désir impérieux de retrouver Mulder, Scully et tous leurs amis paranormaux ! Mais à quoi bon nous appâter avec des souvenirs d’intrigues alambiquées, de secrets d’état et de mystères inexpliqués impliquant des forces surnaturelles, si c’était pour nous sortir une version à peine améliorée de FBI portés disparus avec Mulder qui cachetonne et Scully qui joue les guest-stars ? Car voilà tout l’effet que nous fait cette intrigue "top secrète" et pourtant sans surprise qui prétend nous captiver avec de simples enlèvements et (attention, risque de spoiler !) une fausse piste de trafic d’organes…
Ce retour à plus de sobriété, qui rompt clairement avec le fond de commerce de la série télévisée (à laquelle il ne sera fait que quelques allusions complices, notamment le thème musical, surgissant brièvement à des moments opportuns), ôte à la franchise toute saveur mais aussi toute personnalité, comme s’il s’était agi de l’édulcorer pour séduire un plus large public. Curieux calcul quand on pense que les spectateurs trop jeunes pour avoir suivi les aventures de Mulder et Scully à l’époque ont depuis vu des séries et des films bien plus poussés en termes de fantastique, d’effets spéciaux et de paranormal (Buffy, Harry Potter, Matrix)… Du coup, Carter prend le risque de mécontenter à la fois les fans inconditionnels et les néophytes.
D’autant que la forme n’est guère plus réussie que l’intrigue. Certes, X-files essaye toujours de jouer avec nos nerfs, interrompant systématiquement les scènes-choc en plein milieu de l’action, et suggérant l’horreur avec un vrai savoir-faire, mais le rythme-même des séquences est perpétuellement parasité par les face-à-face stériles entre Mulder et Scully. Toutes les dix minutes, nos deux héros éprouvent en effet le besoin irrépressible d’avoir une de ces petites conversations dont ils ont le secret, censées souligner leur opposition fondamentale entre foi et science ou paranormal et pragmatisme, mais également l’attirance incontrôlable qui les jette l’un vers l’autre. Or non seulement ces séquences sonnent systématiquement faux, non seulement elles donnent l’impression qu’après toutes ces années, les deux personnages n’ont pas avancé d’un pouce, mais en plus elles n’ont plus vraiment lieu d’être, puisque (seconde vague de spoilers) Mulder et Scully ne font plus équipe, sortent désormais officiellement ensemble et sont confrontés à un cas globalement banal de visions médiumniques.
Alors au final, que reste-t-il de cette série que l’on a tant aimée ? Une certaine nostalgie, pas mal d’humour (surtout celui, délicieusement grinçant, de ce cher Mulder) et un fort potentiel… à condition de se renouveler un peu ! On imagine ce qu’un scénariste vraiment courageux aurait pu faire en s’inspirant de certains scandales et/ou thèmes de société ayant émaillés notre société ces dernières années ! Au lieu de quoi, une fois de plus, les grands studios ont choisi la voie de la facilité et de la recette toute faite, prenant éhontément les spectateurs au mieux pour des lemmings (pas tant les rongeurs que les petits personnages de jeu vidéo qui avancent tous dans le même sens sans réfléchir), au pire pour des abrutis.
MpM
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