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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La bande à Baader (Der Baader Meinhof Komplex)
Allemagne / 2008
12.05.2008
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BANDE DURE
"Sans les actes, les paroles sont inutiles."
Si la Bande à Baader était née trente ans plus tôt, l’Histoire aurait fait de ses membres des héros de la résistance face à la barbarie nazie. Mais dans les années 70, l’Allemagne coupée en deux qui commence seulement à se remettre de ses traumatismes ne peut considérer les jeunes idéalistes de la Fraction armée rouge que comme de dangereux terroristes cherchant à déstabiliser un état déjà fragile. Baader et ses compagnons, eux, voyaient dans l’impérialisme américain le nouveau visage du fascisme et dans la guerre contre le Vietnam, un nouveau crime contre l’Humanité. Les instances dirigeantes de la RFA, qui apportaient leur soutien à l’armée américaine jusque sur le territoire allemand, étaient d’ailleurs truffées d’anciens nazis complaisamment blanchis…
Ainsi donc, après les derniers jours d’Hitler (La chute), les méthodes de la stasi (La vie des autres) et le "bon vieux temps" de la RDA (Goodbye Lenin), l’Allemagne se penche sur un autre pan de son histoire récente, celui de la lutte armée et de la terreur. Forcément un traumatisme de plus, qui continue aujourd’hui de diviser les Allemands, comme le prouve la polémique qui a accompagné la sortie du film. Et pourtant, à moins de se sentir sérieusement menacé par le "mythe" Baader-Meinhof, on peut difficilement reprocher à Edel ou Eichinger la moindre sympathie pour les actions de la RAF. Loin de toute admiration romantique pour ces militants absolutistes, les deux scénaristes s’attachent aux faits plus qu’aux mots, à l’enchaînement des événements plus qu’à leur justification, voire leur explication. Et si c’est là où le bât blesse, ce n’est pas parce qu’un tel silence sert la cause du groupuscule, mais bien au contraire parce qu’il introduit de grandes zones d’ombre dans le récit. Notamment sur les dissensions qui s’élèvent régulièrement entre Baader et Meinhof, dont on ne comprend ni les raisons, ni les enjeux, ou encore sur la dérive des actions qui, peu à peu, se mettent à toucher des civils. Il aurait fallu que le film s’attarde plus longuement sur les fondements idéologiques du mouvement et leurs évolutions, ou alors fasse complètement l’impasse dessus, plutôt que de nous livrer des bribes peu intelligibles, forcément réductrices, de la pensée des révolutionnaires.
Mais passées ces réserves, La bande à Baader s’avère absolument passionnant. Conçu avant tout comme un film de groupe (de "bande", même), il privilégie les scènes collectives où se dévoilent plus complément le mécanisme de l’action armée, le glissement dans la violence et la clandestinité, la contagion de la société et même le poids du passé, que dans les séquences intimes, peu flatteuses. Pris un à un, les trois personnages principaux ne sont en effet guère gâtés, et encore moins charismatiques : Baader passe pour un crétin hystérique, Ulrike pour une trouillarde et Gudrun pour une potiche. Mais Edel dépasse allègrement les "héros" du mythe pour se concentrer sur le portrait d’une époque unique en son genre, celle à la fois de tous les possibles et de toutes les dérives, riche d’une énergie salvatrice et d’une urgence communicative. Il nous fait goûter le dégout immense d’une jeunesse qui se sent coupable et, à cause de cela, est prête (pendant un temps du moins) à défendre quiconque lui offre l’espoir d’une rédemption. Car le réalisateur est conscient du fait que l’aventure de la RAF est inséparable du contexte complexe dans laquelle elle a vu le jour, et ne peut être expliquée, et bien sûr comprise, que si elle est mise en perspective avec le passé récent de l’Allemagne.
D’où le choix d’un montage extrêmement vif et fluide qui permet d’englober ces dix années dans toute leur complexité sans jamais ralentir le rythme et donner au film des vrais airs de thriller aux scènes d’action amples et efficaces. Résultat, non seulement les faits sont passionnants, mais on éprouve en plus un véritable plaisir de spectateur lié au mécanisme simplissime de l’adrénaline et du suspense. Comme quoi il est possible de réaliser un film légèrement spectaculaire et absolument pas ennuyeux qui tienne un discours à la fois réaliste et intelligible sur un sujet sensible.
MpM
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