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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Caos Calmo (Chaos Calme)
Italie / 2008
10.12.2008
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UN HOMME K.O.
«- Nous transférons nos émotions à nos enfants. Jusqu’à un certain âge, leurs émotions sont le reflet des nôtres. Attention : pas celles que nous nous efforçons de montrer mais celles que nous ressentons. »
Le film joue sur une forme d’épure, de dépouillement, artificiellement remplie de faits anodins, parasitaires, qui, finalement troublent le calme du personnage de Nanni Moretti. Un veuf qui fait un travail de deuil, en oubliant de travailler. Une juxtaposition de paradoxes où le monde semble tourmenté, tourbillonnant, et le protagoniste faussement apaisé, d’apparence neurasthénique.
Le film commence ainsi dans le calme. Un banal jeu de plage entre deux frères vieillissant. Puis c’est le chaos. Deux femmes sont en train de se noyer, il faut les sauver. Après cet épisode, la vie reprend le dessus. La mort survient l’instant d’après. En quatre scènes, le film installe ce déséquilibre qui fait sa force dans ses meilleurs moments et se complait dans ses failles quand il n’a plus rien à dire. Au milieu, lorsque le passage entre l’état de veuvage et celui de résurrection se construit maladroitement, on attend la rupture. Cette cassure qui va faire que notre homme va craquer.
« Restez calme ». Comment faire quand tout s’agite, la mer, l’absence de la mère, la vie amère ?
Car la folie n’est jamais loin. « Il suffit d’un rien ».Les gens sont déjà si fous. Que ce soit à cause de l’argent, de la célébrité, de leurs névroses, du pouvoir, de l’impuissance. Mélancolique, le film nous charme essentiellement parce que le quotidien, une forme de routine, l’emporte sur le contexte : la mode, la télé, une OPA, le show biz… Tout cela est évacué au profit des sentiments. Le trop plein d’histoires laisse place au vide, existentiel ou sensoriel.
Car le deuil est affirmé, mais pas forcément assumé. Les âmes sont solitaires, mais pas forcément attristées. En déjouant les codes du genre – une défunte aimée par convention plus que par passion, une gamine qui ne se lamente pas sur son sort, un père survivant et humain – Chaos calme parvient à nous captiver avec peu de rebondissements. La souffrance imprègne le scénario et devient l’objet de tension. Jusqu’à la crise lacrymale tant espérée. Un lâcher prise sain qui va faire basculer le film fers sa conclusion.
Entre temps, le temps suspend son vol. Un parc sert de huis-clos où l’on discute, rencontre, travaille, bouge… Le pari est risqué d’autant que Nanni Moretti est transparent, peu charismatique. S’il convient bien à ce type de personnages très « en dedans », il manque parfois de relief pour véhiculer des nuances qui permettraient de faire le pont entre les étapes de son veuvage. L’intensité s’affadit et l’intérêt se perd brièvement. Mais, le scénario, heureusement, compense ces manques et dessine avec justesse ce vulnérable et précaire équilibre, entre le faillible et le tangible. Le plus bel exemple est ce personnage de Yolanda, la fille qui promène son chien. Des scènes répétitives, une fixation sur des embrassades et tout est dit. Un rôle furtif, passager, et pourtant si bien écrit, qu’elle existe pleinement dans une conclusion joyeuse.
La musique de Paolo Buonvino épouse parfaitement les oscillations intérieures et les démonstrations extérieures. Une partition singulière et séduisante. A l’image de ce mélodrame chaotique mais serein, sans pathos et avec joliesse. Une tranche de vie où les contraires, à d »faut de s’attirer, se collent les uns aux autres pour former une cohérence imprévisible.
vincy
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