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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Prédictions (Knowing)
USA / 2008
01.04.2009
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L’ARMAGEDDON RENCONTRE LA NUMEROLOGIE
«- Elle aurait donc prévue la fin du monde ?»
Il est bien loin le temps de The Crow et Dark City. Après avoir signé deux monuments de la science-fiction et du fantastique gothique, Alex Proyas semble dorénavant englué dans les rouages hollywoodiens depuis I, robot. Pris entre une star, Will Smith, et les desideratas du studio, Proyas avait quelque peu déçu avec cette adaptation très libre de l’œuvre d’Asimov. Moins de folie et d’imagination, plus de facilités pour le grand public, I, robot tranchait net avec les œuvres précédentes. Et ce Prédictions enterre complètement l‘originalité du metteur en scène pour accoucher d’un film catastrophico-fantastico-mystique peu crédible mais assez drôle au final.
L’échec du film semble moins tenir à la qualité visuelle du film, les tonalités de gris chères à Proyas sont toujours aussi belles et présentes, qu’à son scénario à la "n’importe nawak" brassant sans ménagerie numérologie, astrophysique, extra-terrestres, voyance, paternité, simultanéité, etc. Un pot pourri du drame humain et de toutes les recettes du fantastique emporté par un Nicolas Cage jouant très bien le mec inquiet et effaré, voilà à quoi se résumerait ce bien triste Prédictions, s’échinant sur deux heures à mettre en lumière des vessies grosses comme des lanternes.
L’indulgence serait toutefois requise pour la première demi-heure assez intrigante et mystérieuse même si plombée dès le début par l’interprétation de Cage. Mais dès que l’on nous explique le pourquoi du comment l’histoire se balise d’autoroutes avec signal lumineux en option, où chaque rebondissement viendrait d’un ballon crevé ne croyant que bien faiblement à être regonflé. Le seul point vraiment positif de cet Armageddon illuminé serait à mettre au crédit des catastrophes, séquences proprement hallucinantes où le réalisme le plus cru le partage à une violence humaine dévastatrice. Photo magnifique, découpage millimétré, à n’en pas douter ces « accidents » feront date mais n’en sauveront pas moins un film qui part dans tous les sens sans jamais atterrir sur une piste digne de ce nom. La fin d’ailleurs est symptomatique de ce grand huit sans rails, où l’on se demande ce que Proyas et son équipe ont ingurgité comme substances psychédéliques pour justifier du mysticisme final, au choix ridicule ou amusant.
Pour ceux qui le pressentaient depuis I,Robot, la prédiction est ainsi accomplie : Hollywood, matrice tentaculaire, a de nouveau absorbé un talentueux réalisateur. Et l’apocalypse court toujours…
Denis
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