Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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A bout de souffle (Breathless)


France / 1959

16.03.1960
 



OXYGÈNE





"- Tu connais William Faulkner?
- Non. Qui c'est? Tu as couché avec lui?
"

Jean-Luc Godard et ses copains critiques aux Cahiers du cinéma s'ennuient, ils s'ennuient du cinéma français et passent leur temps à le remettre en cause, mais un beau jour ils décident que rester derrière son bureau à démolir c'est bien joli mais agir c'est encore mieux ! C'est ainsi que Claude Chabrol, François Truffaut, Jean-Luc Godard et bien d'autres vont faire leur révolution. Ils vont briser, faire voler en éclats le cinéma traditionnel français ! C'est dans ces circonstances que va apparaître A bout de souffle, véritable manifeste de ce courant qui porte le nom de "Nouvelle vague".

Alors A bout de souffle, histoire de Truffaut qui aime les voyous, suit les pas d'un jeune fringant, Michel Poicard (Jean-Paul Belmondo) qui veut se rendre à Paris. Il vole donc une voiture et roule à tout allure comme un enfant jouant à l'imprudent, il double encore et encore et se retrouve la police aux trousses et toujours comme un enfant jouant de plus en plus près avec le feu, il en tue un et prend la fuite. Les 400 coups mode jeune adulte. A Paris il doit voir un type pour récupérer du fric dit-il et aussi pour voir une dénommer Patricia (Jean Seberg), une fille avec qui il a passé 4 ou 5 nuits et qu'il a envie de revoir. Patricia est une jeune américaine, fraîche, les cheveux courts, l'accent anglo-saxon ponctuant ses paroles, difficile de ne pas succomber à son charme ! S'en suivra une romance aux dialogues piquants (notamment sur les préjugés vis-à-vis des Américains et des Français), doublée d'une enquête policière (car le film est un hommage aux séries B américaines, aux films de Samuel Fuller par exemple), dans un cadre romantique désenchanté mais absolu.

A bout de souffle symbolise un bon nombre de choses et pour commencer, une renaissance d'un cinéma moribond. Le cinéma français c'était un cinéma qui se faisait essentiellement avec des décors traditionnels, où l'on utilisait très peu les milieux naturels. Les lumières étaient précises, les prises de sons ne devaient pas être brouillées par des bruits parasites, le cadrage était fait avec soin et le scénario devait être respecté à la lettre, voilà ce qu'était en caricaturant le cinéma français. Du studio, lisse. Bon pour la télévision, qui émerge. Voilà ce que Jean-Luc Godard va faire voler en éclats. Godard a pour seuls accessoires les décors naturels, un scénario de Truffaut (qui laissera la part belle à l'impro pour créer ce jeu spontané que Lelouch reprendra à foison), des bruits de vies qui viennent s'encastrer dans les dialogues des acteurs, un cadrage qui laisse libre cours à la folie et à l'imperfection. Godard a laissé la vie pénétrer sur la pellicule, le cinéma français était à bout de souffle et il l'a laissé respirer. La scène où Patricia et Michel remontent les Champs en est le symbole, des personnes que marchent dans la rue, les voitures qui roulent autour, les gens qui s'activent, le son des moteurs, les discussions, le chant des oiseaux, le bruit du vent, le bruissement des feuilles, ... Godard a capturé la vie sur pellicules et a laissé libre cour à son talent d'auteur. Truffaut fera de même avec ses 400 coups, en filmant ses quartiers d'enfance, entre Madeleine et la rue des Martyrs. L'autre révolution du film qui montre une fois de plus la rupture avec le cinéma traditionnel français est parfaitement illustrée dans la scène où Patricia et Michel sont dans la chambre d'hôtel. Godard va multiplier les plans fixes d'une incroyable longueur et donne toute l'intensité à cette romance. Il améliorera le procédé dans la scène culte du Mépris.
Leur histoire est une véritable passion et là encore Godard et ses amis abandonnent les romances à l'eau de rose et nous livre une relation à la fois passionnée et distendue, une relation complexe, pleine de contradictions. Ils n'ont passé que cinq nuits ensembles et pourtant Michel va la retrouver et lui demande si elle l'aime et lui dire que lui l'aime. Mais elle ne sait pas, elle le regarde mais n'y voit pas de l'amour, enfin si, enfin non, enfin elle ne sait pas, elle n'arrive pas à savoir si ce petit voyou de Michel joue franc jeu, si ce coureur de jupons l'aime vraiment. Et puis est-elle vraiment prête à aimer ? Elle doit terminer ses études. Jean Seberg incarne la douceur, la fragilité, la beauté, une beauté presque angélique, Belmondo lui c'est l'homme viril, presque macho, il est jeune, fringant, immature, intelligent, il aime jouer avec le feu, il a la réplique vivace et l'esprit toujours en action. Bref ils représentent à merveille l'homme et la femme pris dans la tourmente de l'amour.

A bout de souffle est aussi une histoire policière, elle est simplette et n'est qu'un prétexte pour faire passer un message, mais Godard joue sur les rythmes, et avec sa musique jazz passe de l'histoire policière à la douce romance. Avec ce film, Jean-Luc Godard ne réalise pas sonn chef d'œuvre, il fabrique un film libre et aérien, passionnel et épuré, qui changera le visage du cinéma français, comme Rosselini avait transformé le cinéma italien.
 
Benjamin

 
 
 
 

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