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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Emporte-moi
Canada / 1999
28.07.99
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MOITIE SILENCE MOITIE FILLE
"- Avec les gens stupides on a le droit d'être bête..."
Emporte-moi nous immerge dès les premières images dans un monde du silence, une mer bleue javel, la vie dans les poumons, les pieds dans les abysses. Le sixième long métrage de Léa Pool s'aventure dans les eaux de ses souvenirs, dans le sel de son adolescence, dans l'écume des jours et des saisons qui passent. Larmes oppressantes qui coupent le souffle. La jeune fille et le ton du film ont des allures de Charlotte Gainsbourg dans L'Effrontée. Les similitudes avec le Claude Miller ne s'arrêteront pas à l'apparence et à l'enfance.
Emporte-moi a tous les défauts d'une oeuvre se basant sur des morceaux de vie plus ou moins banals: un scénario qui ne prend pas assez de recul vis-à-vis des anecdotes, des personnages qui ne sont parfois que des silhouettes, des ombres ou des fantômes, quelques allégories vaines. Et si Emporte-moi ne nous emporte pas comme on le rêverait, c'est aussi en grande partie à cause de ces innombrables fondus au noir, cassant la fluidité du montage, facilitant sans doute les raccourcis (ellipses?) scénaristiques.
Heureusement, Léa Pool a son style. Sa sensibilité même. Adolescente touchante, troublante, tourmentée, son héroïne Hannah vit dans un monde de conflits et de bonheur, cherchant sa place, en quête d'amour. La grande force du film repose sur ce quadrille familial, pas idyllique, mais solidaire et affectueux. Par petites touches, le frère, la mère, le père s'imposent, s'humanisent et exposent l'influence qu'ils auront sur la future jeune femme.
Les plus belles séquences sont celles où les femmes ont la part belle: la superbe Nancy Huston, la magnifique Pascale Bussières, et la prometteuse Karine Vanasse. Le père est plus menaçant, rugissant. Mais parce qu'il donnent de l'amour, de la tendresse, il gagne une sympathie pas évidente au départ. Reste Paul, qui aurait mérité un approfondissement au niveau de l'écriture. Le grand frère incestueux, futur homme-rose de la société québécoise sans doute.
Car ce matriarcat demandé, voulu, dominant est la base même de ce film. Profondément féministe, Emporte-moi est même un film existentialiste. A la fois rose et noire, la vie d'Hannah est cependant trop naïve (avec les musiques cuivrées pour les bons moments, les musiques à cordes pour tirer les larmes). On reste en retrait devant ce sujet qui tente de trouver son universalité. Il manque peut être un brin de perversion. L'esthétisme, parfois, tue le propos. On a tendance à tout embellir avec l'âge... vincy
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