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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'Affaire Farewell
France / 2009
23.09.2009
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AFFAIRE CLASSEE
«- Je t’ai caché la vérité, mais je t’ai toujours aimé.»
En ce début d’automne doucereux, Christian Carion, l’auteur des sympathiques mais inoffensifs Une hirondelle a fait le printemps et Joyeux Noël, nous rappelle au bon souvenir d’un cinéma français de genre lorsqu’il décide de mettre en boîte un film d’espionnage grand public. Pour mener à bien un tel projet rien n’a été laissé au hasard, du casting international quatre étoiles au respect des langues de chaque protagoniste. Pourtant, la reconstitution, plutôt crédible, ne sert pour ainsi dire jamais une affaire d’Etat revendiquée comme l’une des plus symptomatiques de toute la guerre froide. Ce paradoxe plombe un film gentillet, doucement réalisé et manquant surtout de mordant. On est loin des anciens Costa-Gavras ou Granier-Deferre. Quand le romantisme à l’eau de rose l’emporte sur les desseins géopolitiques d’un monde en pleine mutation, on se demande si la lecture, certes honnête et respectable de son auteur, n’est tout simplement pas biaisée. Nous sommes très loin de la qualité des œuvres phares du genre à laquelle nous étions légitimement en droit d’attendre.
En l’état, L’Affaire Farewell ne bousculera ni les codes, ni les esprits et ronronne son canevas romanesque d’école à faire mourir d’ennui. En privilégiant le rapport d’amitié naissant entre l’officier du KGB décidé à faire tomber son régime (interprété par un Kusturica surprenant de justesse) et un ingénieur français se retrouvant malgré lui empêtré dans cette affaire (Guillaume Canet en mode mineur), le cinéaste occulte les véritables enjeux. Et ce ne sont pas les trois rendez-vous dans Moscou, les quelques photocopies de documents top secret ou les révélations en fin de parcours qui sauveront un film dénué d’intensité narrative. Inconsciemment ou consciemment – qui sait – le réalisateur privilégie son penchant mielleux, voire naïf, des rapports humains pour se perdre définitivement en bavardages inutiles. Il n’y a qu’à voir la façon dont le cinéaste singe les différentes force en présence de Mitterrand à Reagan. La caricature n’est pas loin ; la frustration non plus.
L’affaire Farewell est bien trop classique dans son cheminement, romantique et non romanesque, lisse au lieu d’être tendu et, crime impardonnable, dénué de toute tension. Il se regarde pour ce qu’il est : un travail sérieux, honnête, appliqué mais passant totalement à côté de son sujet. En somme, le dernier film de Christian Carion ne cesse de parler de l’affaire Farewell sans jamais l’aborder frontalement.
geoffroy
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