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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mademoiselle Chambon
France / 2009
14.10.2009
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UN CŒUR EN ETE
«- On a construit notre petit truc à nous.»
Stéphane Brizé a souvent su charmer avec des situations banales. Il lui suffit d’un cadre un peu décalé, d’un comédien qui se singularise pour insuffler une petite magie dans des scènes sans relief. Avec Mademoiselle Chambon, il ne parvient pas à nous ensorceler aussi bien. Même si l’écriture est habile, osant de longs silences mais aussi des séquences hilarantes, le film se fourvoie dans une histoire d’incommunicabilité, où les connexions sont plus maladroites que dans ses précédents films.
Il y a une étincelle qui ne se produit pas. Est-ce le personnage taiseux de Vincent Lindon qui empêche de bien comprendre ses motivations, hors désir charnel ? Ou est-ce l’histoire qui est trop distendue ?
Pourtant Brizé n’a pas perdu de sa délicatesse : le choix des comédiens, l’ambiance estivale, les gestes jamais brusques… Et puis il y a Sandrine Kiberlain qui incarne la grâce et la légèreté un peu grave de ce film. Mademoiselle Chambon c’est elle. Le film c’est elle. La maîtresse de nos rêves, la violoniste gracieuse, la jeune femme sans attache. Elle incarne la féminité et la liberté. Elle n’avait pas trouvé un si beau personnage depuis des années…ELa partition semble composée pour elle.
La dérision, les petits bruits qui ont leur importance, les non-dits constituent l’essence d’un film mutique et musical. Ainsi on reste émerveiller par l’audace fulgurante du premier baiser filmé comme une caresse. Mais le rythme est trop inégal, entre des séquences hilarantes (la leçon de grammaire, le passage aux pompes funèbres, …) et des moments ennuyeux, pour ne pas dire un peu vide.
Alors certes cela ne manque pas de sensibilité. De justesse aussi (l’appel téléphonique de la mère à sa fille est cruel). Cette Chambon qui chamboule tout le fait avec prudence et retenue. Une pudeur qui serre la gorge, des sentiments pas assumés qui tordent le ventre.
Mais l’émotion tarde à venir. Brizé prend trop son temps. Le spectateur attend. Et la facilité du final (le violon qui s’accorde avec le piano dans un découpage parallèle où Lindon est au carrefour de sa vie) gâche un peu tout ce que cette séquence de fuite signifie. Deux êtres immobiles, invisibles l’un de l’autre. Le refus de l’aventure. « - Je veux partir avec vous. – Dîtes pas ça si vous ne le faîtes pas. »
Le sujet ne prêtait pas à l’ambition. Il enferme ainsi définitivement le personnage masculin dans un conservatisme étriqué. Et c’est peut-être là que le charme du cinéma de Brizé se brise : il ne fait pas rêver.
vincy
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