Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Vert Paradis


France / 2003

18.02.04
 



RIEN A PERDRE






"- Vos amis, leur vie, elle est aussi tragique que banale !"


Trentenaires égarés cherchent vies rêvées. Ils aiment, doutent, fantasment, subliment leurs vies, veulent réparer leurs erreurs, leurs silences et absences... Une chronique sentimentale, sur fond de portrait socio psychologique, alliant humour et drame humain, en toute simplicité. Vert Paradis est une fresque philosophique qui jongle avec des thèmes vieux comme le monde : la vie, l’amour, la réalisation de soi et, bien évidemment, le temps qui passe sans retour. Modernité et archaïsme cohabitent, à l’image du décor dans lequel le film est solidement planté (commentaires off à l’appui) : ce sacro-saint combat entre vies rurales et mondes urbains. Prévoyez quelques clichés tels l’incontournable bal du village, ou encore ces fameuses rivalités entre familles d’exploitants agricoles. Un peu trop télévisuel et réchauffé, quelquefois. CQFD. Mais l’essentiel n’est pas là puisqu’il s’agit, ici même, de bâtir une atmosphère génératrice d’un déclic. Déclic à l’issu duquel chacun des personnages va chavirer.


Trois jeunes amis errants pour cause de souffrances ordinaires. En quête d’absolu, ils se plaisent à rêver d’une vie qu’ils pourraient enfin maîtriser. Il règne ici un certain mélange d’inéluctable et d’irrémédiable, plus moins bien dosé, selon l’évolution du récit : deux ambiances tantôt conjointes, tantôt alternées. Complémentarités, contradictions, redondances et métaphores… Emmanuel Bourdieu manie adroitement les figures de style, autant d’un point de vue scénaristique que filmique : Un peu conventionnel, quelquefois, eu égards aux décors et à l’axe du film, très catégorisant socio professionnellement, mais efficace pour ce qui est de l’intrigue sentimentale. Bien sur, chez le spectateur, la formule est identique : ressentis et attentes sont placés sous le signe de l’ambivalence. Pas toujours très captivant ! Le problème majeur, ici : le rythme. On se lasse très vite de ces longs plans panoramique illustrant le désert campagnard, saturé d’humidité par temps nuageux. Des séquences récurrentes, hélas, auxquelles on s’attend continuellement, y compris au détour des scènes les plus belles et bouleversantes, où le gros plan décortique la psychologie de chaque personnage. Un intimiste étroitement et avant tout lié aux performances exceptionnelles que réalisent les trois comédiens principaux. Individuellement, en duo comme en trio, tous trois crèvent l’écran. Que de superlatifs ! Natacha Régnier, d’abord : sublime ! Elle incarne à la perfection cette jeune femme à la fois forte et fragile, désespérée mais irrévocablement animée d’un exceptionnel dépassement de soi. Clovis Cornillac, ensuite : bouleversant et surprenant comme jamais ! Le comédien se met véritablement à nu. Son jeu est entier dans ce rôle de jeune béarnais prisonnier d’une vie qu’il n’a pas choisi. Et enfin, Denis Podalydès, sincère, authentique, téméraire et enveloppant, à l’image de ce personnage qui, rattrapé et emporté par son passé, n’a d’autre choix que de faire front à sa propre vie.


Générosité, pureté des émotions, de l’amertume au rire : Vert Paradis est une histoire de retour aux sources à la fois voulu et subi ; dans tous les cas obligatoire. Personnages et intrigues évoluent ici au rythme de l’absolu. Coups de cœurs, coups de gueule, coups de folie : le « vert paradis des amours enfantines » est un lieu aussi léger et futile que grave et déterminant. Alors on adorera ou on détestera… Dans un sens comme dans l’autre, on ne restera pas indifférent.
 
Sabrina

 
 
 
 

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