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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Sweet Home Alabama (Fashion Victime)
USA / 2002
11.12.02
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FANTASIA CHEZ LES PLOUCS
"- Pas de sourire. De l'arrogance!"
Il ne faudrait pas s'attarder, surtout pour en dire du mal. La comédie romantique américaine est un genre en soi, ayant créé quelques uns des plus beaux films du cinéma. Celui-là n'en fait pas partie. Trop caricatural, il est avant tout banal. Tellement peu original que le script nous rappelle un autre film très récent, Les divins secrets : une star (Bullock) ayant réussit à New York (là le théâtre), fachée avec sa mère, obligée de revenir aux sources (le Sud profond) et retrouvant ainsi son équilibre (la morale).
La morale est omniprésente. Dans ce sud aussi blanc que le Ku-Klux Klan, si l'on comprend bien le message, il faut rester fidèle et amoureuse de la même personne toute sa vie. Et faire des enfants. Pourquoi pas en rester là?
En fait le gros regret tient dans l'échec à réunir les deux mondes fortement stéréotypés, du film : New York la civilisée et le Sud totalement passéiste. Jamais le mélange ne se produit. Ce qui aurait pu être l'illustration d'une même Amérique devient la sécession définitive, non pas entre Yankees et dusistes (on se croirait dans "Shériff fais moi peur"!) mais bien entre la métropole où tout est possible, y compris les rêves qui se concrétisent, et la province où la fatalité des événements guide les gens. Le fossé est grand, pire, il créé une forme de mépris permanent. Car il y en a : les gens du Sud regardent avec hauteur les gens de la ville, et ceux de New York n'ont aucun respect pour ces mal fagottés. C'était sans doute la partie la plus intéressante du film, et la plus cohérente avec l'oeuvre de Tennant : la lutte des classes sociales, la travailleuse qui devient princesse, la mixité entre les deux milieux.
Au lieu de cela, on nous livre une histoire peu crédible, manquant de perfectionnisme, flirtant trop souvent avec le cliché. Comment croire que Calvin Klein est encore le comble du chic en matière de parfums, alors qu'il se vend dans les supermarchés du monde entier? De la part d'une créatrice de mode (qui porte du Montana et signe avec un Mont Blanc), c'est en plus un choix très peu singulier. Tout est à l'avenant. Même le jeu de Reese, qu'on a connu plus inspiré, se résumant à des grimaces guère plus évoluées que dans une sitcom télévisuelle. Sans compter qu'on ne peut s'attacher à ces sudistes qui s'amusent à refaire la Guerre de Sécession (qui a cessé ça c'est sûr!), qui semblent ne pas avoir évolués depuis 140 ans.
On assiste ainsi à un défilé de vieilles connaissances pour cette Princesse d'un jour, aux jeux rustres d'un village qui s'emmerde, et à des messages très conservateurs. Le cynisme, rare, est hélas vite gommé.
On anticipe (précisément) la fin dès les deux tiers du film, malgré les rebondissements eux-mêmes prévisibles. Reese nous offre sa séquence émotion dans un cimetière de chiens. Heureusement l'ensemble est sauvé par le talent comique de Candice Bergen, la sobriété de Patrick Dempsey et la belle gueule d'amour de Josh Lucas, sorte de Paul Newman jeune, véritable voleur de scène.
Puisque la fin prône qu'on n'est bien que chez soi avec les siens (limite tribal quand même), contentons-nous peut-être d'une comédie romantique "à la française". vincy
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