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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La Fidélité
France / 2000
05.04.00
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VALEUR ABSOLUE
Bien qu’il ait apporté de nombreuses modifications, Zulawski est resté assez proche du roman de Madame de La Fayette. Sa transposition de la cour du roi de France à celle d’un magnat de la presse à scandales est assez habile. On y retrouve Macroi, dans le rôle du roi et sa maîtresse en titre (Diane pour Diane de Poitiers, la favorite du roi Henri II). M. de Nemours a été transformé en Nemo, photographe rebelle, casse-cou et désabusé (dans le livre, le duc de Nemours est un courtisan raffiné et très admiré aussi bien par les hommes que par les femmes). Enfin, Zulawski a retranscrit la grande beauté et le succès de Mademoiselle de Chartres au sein de la cour par le désir qu’elle suscite chez la gent masculine au gré de ses rencontres.
La Fidélité est en apparence assez éloigné de la veine quasi-surréaliste de plusieurs films de Zulawski des années 80 tels que les magnifiques Possession, L’Amour Braque et Mes nuits sont plus belles que vos jours. C’est peut-être le fait de l’adaptation d’un roman historique, mais ici, les délires métaphysiques sont moins flagrants : même si le trait est parfois forcé et caricatural, on semble être en pleine réalité tangible.
Néanmoins, l’univers de Zulawski n’est pas loin. Les sentiments et la passion sont exacerbés au point de frôler la folie. Clélia lutte contre ses démons intérieurs et son amour pour Nemo afin de rester fidèle à son mari. Ce déchirement donne cours à des comportements compulsifs proches de ceux d’Isabelle Adjani dans Possession (lorsque Clélia, en larmes, photographie Nemo comme si l’appareil photo devenait une barrière entre eux et l’empêchait de succomber ; lorsqu’elle demande à Clèves de l’aider à résister).
L’expression des sentiments est ce qu’il y a de plus réussi dans La Fidélité : les liens qui unissent Clélia à Clèves et à Nemo sont magnifiés et intenses. Zulawski a su filmer les trois acteurs principaux (Sophie Marceau, Pascal Gréggory et Guillaume Canet) avec une grâce incroyable.
La Fidélité est posée comme une valeur absolue, comme une éthique intangible qui se retrouve au centre du film. C’est elle qui oriente l’action dramatique puisqu’elle régit le comportement de Clélia.
Autour de Clélia, Clèves et Nemo (et ce thème de la fidélité) gravitent les autres personnages du film, issus de l’empire de Macroi et de la maison d’édition des Clèves. Ces personnages sont souvent caricaturaux. Il y a d’abord Macroi, le-patron-autocratique-auquel-presque-rien-ne-résiste, sa femme et sa maîtresse, les-deux-alcooliques-droguées-aux-traits-forcés, sa fille quasiment-toujours-filmée-en-mouvement...
Ils ont tous un comportement systématique et peu crédible qui n’est ni désagréable, ni ridicule, mais pour le moins curieux. Comparés aux trois personnages principaux, ils apportent au film un ton très différent, comme si La Fidélité relevait de deux registres opposés : l’histoire d’amour et la peinture sociale du monde de la presse et de l’édition. Comme si, parallèlement au sujet très sérieux de la fidélité et de la passion, Zulawski avait voulu ajouter une note caricaturale pour apporter un peu de légèreté au film.
Pour finir, deux légers bémols qui nuisent au plaisir qu’on éprouve en regardant le film : la musique est quelque peu mélodramatique et, surtout, l’histoire de trafic d’organes qui vient se greffer en nous montrant des images affreuses, choquantes et plutôt gratuites par rapport au thème principal. Pour ma part, j’avoue que je m’en serai passé... laurence
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