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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Full Frontal
USA / 2002
02.10.02
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COUP D'EXCÈS
"- Tu sais comment faire pour te créer un pseudo de porno? Tu prends ton deuxième prénom, ou le nom de ton premier animal de compagnie et tu ajoutes le nom de la première rue dans laquelle tu as vécu enfant…"
Steven Soderbergh est un réalisateur privilégié, un de ceux qui peuvent se permettre encore aujourd'hui (et surtout après bon nombre de succès et de récompenses) de pratiquer le cinéma pour le fun, par envie, pour s'exercer et expérimenter. Ils nous avait enthousiasmés avec son précédent Ocean's Eleven qui était une véritable démonstration de maîtrise technique et narrative frisant presque le sur mesure trop appliqué malgré sa très grande efficassité. Avec Full frontal, le metteur en scène revient à ses débuts d'apprenti, quitte à casser son savoir-faire, s'autorisant toutes les erreurs tel l'élève génial qui n'a peur de rien.
La démarche est des plus respectables car il faut bien le reconnaître, ce processus de remise en question qui permet à l'auteur de ne jamais se reposer trop confortablement sur ses acquis et sur les facilités inhérentes fait souvent défaut dans l'industrie du septième art. Soderbergh retourne donc littéralement à l'école, au système D.
Le résultat de ses travaux d'études risquent cependant de laisser le spectateur sur sa faim - et ce malgré la présence de Julia Roberts et Brad Pitt - car le moins que l'on puisse dire est que la copie rendue demeure assez inaboutie et d'une ambition de toute façon limitée quant à l'audience à laquelle elle est susceptible de s'adresser: tout au plus le cercle cinéphile et indulgeant des inconditionnels du réalisateur. Ce dernier, raisonnable et conscient qu'il ne tournait pas le carton de sa vie a eu la sagesse d'épouser les contraintes logistiques d'un projet de débutant, lui laissant ainsi l'entière liberté qui motivait sa démarche sans avoir sur le dos la pression des studios quant à la rentabilité de l'opération. Ca n'autorise pas pour autant Soderbergh à nous gaver avec une histoire embrouillée et assez introspective sur le relationnel et l'affectif dans la périphérie du milieu du cinéma. Servis par des dialogues approximatifs, les personnages se cherchent mais ne prennent pas corps. Le cinéaste entasse les ruptures et autres effets de styles avec plus ou moins de bonheur, réussissant parfois avec brio à nous faire passer du cinéma à la vraie vie en un fondu inspiré. Malheureusement en répétant le processus, il finit par nous larguer au point où, las, on en est réduit à se fixer sur la perruque de Julia Roberts pour se situer dans le film sans prêter attention au support pellicule censé caractériser chaque univers !
Une œuvre définitivement dédiée à la bricole donc, ou l'intellectualisme bavard écrase les quelques private jokes qui auraient pu nous dérider (l'anecdote sur Julia Roberts qui n'embrasse à aucun moment Denzel Washington dans l'Affaire Pélican du fait qu'ils forment un couple "mixed"). Soderbergh nous a souvent agréablement surpris en se permettant certaines audaces stylistiques qui venaient ponctuer subtilement la narration de ses dernières œuvres. Avec Full frontal, il se contente d'étaller ses disgressions telle une pâte à tartiner sur une biscotte scénaristiquement effritée, aussi peu digeste que facile à consommer. Une interrogation s'impose: Avait-il véritablement besoin de faire un long métrage pour tenter de nouvelles gammes, là où d'autres se contentent de ficeler un court voire même un clip ou une pub? On lui souhaite en tout cas que son stage de perfectionnement lui ait été profitable pour ses prochains projets, il ne mérite en tout cas pas le prix d'un billet à moins de s'être fixé comme but d'écrire une bio exhaustive sur sa carrière... petsss
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