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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Malabar Princess
France / 2004
3 mars 2004
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LE VIEIL HOMME ET L'ENFANT
«- C’est ça que je veux faire quand je serai grand.
-Du bobsleigh ?
-Non. Vieux. Comme ça, je serai mort moins longtemps.
-Eh bien, elle a pas dû s’ennuyer la psychologue... »
Malabar Princess est une jolie fable sur un petit garçon qui tente de surmonter la disparition de sa maman. Dans la peinture de ce thème difficile, le réalisateur, dont c’est le premier film, fait preuve d’une subtilité et d’un entrain intéressants. C’est un peu les aventures de Tom à la montagne et Gilles Legrand réussit à rendre son personnage principal et ses tribulations attachants. Ce petit garçon, tant qu’il n’a pas compris ce qu’il est advenu de sa maman, ne se résigne pas, pose des questions et enquête. Les réponses des adultes étant elliptiques et ne le satisfaisant pas, il décide de se débrouiller tout seul et de découvrir la vérité. Il se raccroche ainsi à l’histoire du Malabar Princess et se dit que, comme l’épave de l’avion indien, sa maman est prisonnière des glaces.
Dans la description de ces aventures, le réalisateur a su peupler son film de plusieurs personnages secondaires très réussis. A commencer par celui de Gaspard, interprété par un excellent Jacques Villeret, pour la première fois grand-père, qui nous est montré aussi facétieux que son petit-fils et dont les répliques sont une des joies du film. Et puis l’irascible et bourru Robert campé par un Claude Brasseur plus vrai que nature. Sans oublier la maîtresse Valentine à qui Michèle Laroque apporte une gravité bienveillante et maternelle.
Malabar Princess est à la fois un film pour enfants et pour adultes. Rien n’y est trop simpliste, sauf la fin. Au contraire, tout apparaît sous l’angle malicieux du regard de Tom, ce qui donne au film une vivacité plutôt séduisante. Le grand atout du film, en plus de son interprétation, est la peinture des relations entre les personnages et surtout celles entre un grand-père et son petit-fils. En plus léger, le film de Gilles Legrand a un petit air du Vieil homme et l’enfant que Claude Berri réalisa en 1966. Ici, la toile de fond de la guerre est remplacée par la disparition d’une mère. Dans les deux films, on retrouve une description émouvante des liens profonds qui unissent peu à peu les deux générations.
Même si Malabar Princess est un joli film, on peut néanmoins regretter que le réalisateur, dans sa volonté de filmer en décors naturels, ait eu si largement recours à un équipement léger et aux images numériques qui privent le film d’une dimension que lui aurait conféré un tournage en scope.
Enfin, il est par ailleurs dommage que, sur la fin, le film s’enlise un peu. Après la fraîcheur et le rythme de la première partie, le film traîne un peu en longueur pour aboutir à un dénouement quelque peu simpliste pour le coup, ce qui atténue beaucoup le charme éprouvé jusque là. laurence
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