Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Je n'ai rien oublié


France / 2011

30.03.2011
 



LA VIE DERRIÈRE SOI





« - La passé se rapproche. Le passé sera proche.»

Bruno Chiche a installé une ambiance étrange pour filmer une tragédie bourgeoise familiale. Ce qui aurait pu être un mélo a les airs inquiétants d’une satire dramatique chabrolienne. Je n’ai rien oublié s’autorise même la légère tension d’un film policier. Par petites touches, le réalisateur nous conduit vers les révélations qui balaieront les préjugés du départ. Dans ce cercle du mensonge, maqué par des secrets, chaque personnage cache son jeu et son je.
Personne n’est celui qu’il prétend. Cette galerie de portraits est d’autant plus réussie qu’elle est incarnée par un groupe d’acteurs magnifiques. Gérard Depardieu retrouve un personnage lunaire et simple, touchant, et enfantin, poétique et romantique. De quoi, une fois de plus, davantage nous séduire que dans une de ces grosses productions où il se gâche. Niels Arestrup apporte les nuances nécessaires pour que son alcoolisme grincheux se mue en douleur et en regrets. Alexandra Maria Lara apporte à sa beauté froide une humanité et une sensibilité qui en font l’héroïne de ce chaos sentimental. Elle est l’étrangère, la candide, et donc l’élément auquel s’identifie le spectateur. Yannick Renier a le profil idéal du gendre parfait, de l’héritier carnassier, de l’amant irréprochable, du fils à maman, de celui qui cache ses trahisons derrière son impeccable costume cravate. Parlant de maman, Françoise Fabian campe une Médée moderne, une Marquise de Mertueil contemporaine, avec ce qu’il faut d’esprit maternel pour adoucir l’absolu contrôle qu’elle exerce sur son entourage. Elle maîtrise tout, même son taux de sucre.

Et puis il y a Nathalie Baye. Quelle délicieuse idée d’en faire l’ancienne amoureuse de Depardieu. Le couple de Marin Guerre et des amants de Rive Droite Rive Gauche n’en sont plus à leur premier film ensemble. « Le même sourire, les mêmes cheveux, tu n’as pas changé… » De les réunir dans un bistrot de province, de les voir se sourire, s’effleurer, comme s’ils s’étaient toujours connus, apporte une émotion rare et qui n’est connue que des seuls cinéphiles…
Derrière ces protagonistes, subtilement écrits, il y a le thème de l’histoire : la mémoire. « ça rend vieux les souvenirs » et pourtant ce que ça les vieillit de vouloir ne rien se remémorer. Le scénario s’alourdit parfois de vouloir trop signifier son message. Le réalisateur avait-il peur qu’on oublie que le son film parle de l’oubli ? Le drame psychologique se révèle plus intéressant par sa mise en scène : quasi huis-clos dans un château où les fantômes se réveillent. Chiche a soigné les décors et les ajouté quelques tiroirs dans les commodes et quelques poisons dans les salles de bain pour rendre son film plus hitchcockien. Bien sûr ça n’a rien d’un Polanski. C’est plus humble. Plus réel. La folie de la possession (l’argent, les gens, le passé) versus le désir de la liberté aurait ainsi mérité à être mieux exploité. Il a préféré s’embarquer dans un récit où les rapports humains se transforment sous le poids de la morale et du remords. Ce simplisme et cette sobriété permettent au film de ne pas sombrer dans le grotesque. Mais l’empêchent aussi de s’épanouir pleinement dans les délices d’une œuvre plus subversive.
 
vincy

 
 
 
 

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