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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Présumé coupable
France / 2011
07.09.2011
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ÇA COMMENCE AUJOURD’HUI
« J’attends que ça passe.» Pas le spectateur. Immergé avec brutalité dans une spirale infernale, un calvaire judiciaire, dont on ne voit pas l’issue. Si le fait divers réel n’a qu’un point de vue, celui de la victime, ce qui rend la charge bancale et l’accusation facile, le film est redoutablement efficace. Et pas seulement par la grâce et l’intensité de l’incarnation d’Alain Marécaux par Philippe Torreton. Certes le comédien pousse ses limites jusqu’à l’extrême, ce qui impressionne. Mais la mise en scène, épurée, sèche, nerveuse, sans fioritures (pas même de musique), travaillant une lumière peu esthétisante, valorisant un réalisme presque sordide, soutient efficacement le sujet du film.
Ça débute avec des larmes. Et la descente va être rapide. Un engrenage absurde, qui commence par une arrestation matinale violente. Lorsqu’on voit Présumé coupable, on doute de la justice de son pays. Il ne faudrait pas généraliser, mais le film y conduit. Une garde à vue manipulatrice, de quoi briser n’importe quel homme, une détention qui en dit long sur notre système carcéral inhumain, un juge d’instruction aveuglé, opportuniste, zélé. Sans oublier les médias, complices d’un juge sans jamais enquêter réellement sur les faits. La répartition des pouvoirs est mise à mal. L’équilibre des contre-pouvoirs n’existe plus.
La machination est une succession d’étapes qui enfonce le prévenu. On se fiche des erreurs, contradictions, mensonges, allégations… L’incompétence l’emporte sur le Droit. Au delà de la destruction d’un présumé innocent toujours jugé coupable (sans preuves), le spectateur assiste à la dévastation de ces idéaux sur la Justice. A l’image de l’avocat, abasourdi (excellent Wladimir Yordanoff) mais gardant la foi. Le film ne montre cependant jamais autre chose qu’un juge tête à claques, ce qui limite les nuances. Il faut chercher la subtilité ailleurs. Dans la décomposition de l’acteur et dans le travail de l’image, qui s’abîme : elle blanchit. La mort s’approche. La vie est déjà une ombre, ou un fantôme.
Ça craque, ça pleure, ça s’embrasse. La souffrance est à fleur de peau. Le bon sens est évacué par les passions. L’outrage à magistrat qui sert de fil conducteur n’est finalement rien comparé à l’outrage à la justice, à l’innocence. On ne rappellera jamais assez à quel point cette présomption est vertueuse. De témoignages grotesques en tentative de suicides, Vincent Garenq ne perd jamais son tracé vers la rédemption. Mais le happy end est amer : tout est cassé, presque mort. A l’instar de ce corps métamorphosé, celui de Philippe Torreton : il renaîtra, mais dans quel état.
On est forcément bouleversés par Présumé coupable. Hantés par ces visages hagards et ces vies décharnées. Outreau restera comme un exemple de ce que le système peut produire de pire par abus de pouvoir. Le cinéma, et ce film là évidemment, a au moins le mérite de le dénoncer. Alain Marécaux peut être fier d’avoir contribué à cette forme de vérité. Même si Vincent Garenq aurait pu ambitionner un film plus juste, moins accusateur, même s’il n’est pas un Jacques Audiard, il a réussi à mettre la caméra là où ça fait mal.
vincy
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