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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Week-end (Weekend)
/ 2011
28.03.2012
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BREVE RENCONTRE
"- Tu meurs d'envie de m'embrasser !
- Oui.
- Vas-y alors...
- Pas ici."
Avant d'être une histoire d'amour homosexuelle bien ancrée dans la société britannique, Week-end est d'abord le récit d'une rencontre amoureuse aux accents universels. Quiconque est déjà tombé amoureux se reconnaîtra en effet dans les premiers balbutiements de la relation qui unit Russell et Glen : la découverte, l’incrédulité, la confrontation, les doutes, les premiers échanges… Andrew Haigh fait ressentir au spectateur ce qu'il y a de mystérieux et d'excitant dans ces premières heures déterminantes où la sensualité se teinte de tendresse. Qu'on ne s'y trompe pas, le film n'est jamais mièvre, évitant avec brio tous les pièges de la comédie romantique banale et formatée. Les personnages, ici, sont trop adultes, trop ancrés dans la réalité pour nous faire le coup des vierges effarouchées, ou des contraires que tout finira par attirer. Leur histoire est immédiatement physique et charnelle, avant de devenir plus intellectuelle, mais elle se passe avec brio des clichés du romantisme à l'eau de rose des films américains. Sans même y prendre garde, on est sous le charme.
C'est seulement dans un second temps que l’orientation sexuelle des personnages ajoute une dimension supplémentaire au film. Par le biais des conversations entre Russell et Glen, qui reflètent la manière dont chacun se perçoit en tant qu'homosexuel, le réalisateur donne à voir un aperçu de ce qu’est être gay en Grande Bretagne à notre époque, et surtout les questions que cela pose. Là encore, l'intrigue évite le passage obligé de l'homophobie agressive, pour se concentrer sur la manière dont les deux hommes abordent leur homosexualité. Glen est revendicatif et militant. Il exige le droit à la différence, quitte à s'afficher. Russell, au contraire, fait systématiquement profil bas. Sa seule revendication est de passer inaperçu, quitte à s'interdire tout ce qui pourrait le rendre vraiment heureux. A travers cette opposition quasi philosophique apparaît toute la difficulté à évoluer dans un monde normé où l'on ne trouve pas sa place. On s'aperçoit ainsi que les principales barrières à l'épanouissement de Russell ne sont pas tant dans la société qu'en lui-même. Lorsqu'il refuse d'évoquer sa vie sentimentale devant son meilleur ami qui ne demande pourtant qu'à l'écouter, on devine alors la résurgence d'une peur, presque conditionnée, d'être jugé ou rejeté.
La mise en scène d'Andrew Haigh, peu découpée, est propice à cette réflexion fondamentale sur la manière dont chacun vit au quotidien ce qu'il perçoit comme sa différence. L'ambiance feutrée de l'appartement de Russell favorise l'échange et la confidence qui s'épanouissent pleinement au travers de longues séquences confondantes de spontanéité. Si l'on est si touché, c'est que le réalisateur met à la fois sensibilité et sincérité dans son récit, sans se soucier d'esbroufe ou de politiquement correct. Week-end s'avère alors un film lumineux et enthousiasmant qui va bien au-delà du simple constat communautaire. MpM
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