Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le Lorax (The Lorax)


USA / 2012

18.07.2012
 



SEED VICIOUS





A défaut d’être complètement original et d’être pourvu de l’émotion d’un Pixar ou d’un Miyazaki malgré les ambitions de cette fable écologique, Le Lorax est un divertissement réussit. De toutes les adaptations des livres du Dr. Seuss, c’est même sans doute la meilleure jusqu’alors.
Artistiquement, il se défend très bien face à la concurrence : les couleurs sont chatoyantes, les textures séduisantes. Mais avant tout, c’est l’histoire – assez noire finalement avec cette micro-dictature où tout est artificiel et payant, même l’air que l’on y respire – qui nous emballe.

Conte presque cruel (mais pas trop, pourrait-on regretter), flirtant avec l’univers de Wall-E, ce Lorax s’offre une narration classique et presque prévisible s’il n’y avait pas ces longs flash-backs au milieu du film, une histoire dans l’histoire, où un autre monde, animalier et végétal (plus Disneyien en bref) est proposé. Cette opposition entre le passé à la Walt Disney et ce présent à la Pixar n’est pas une vaine référence. A cela s’ajoute un monstre orange et moustachu, esprit surnaturel poilu qui est une sorte de gardien du temple de la nature, et qui pourrait être une version rock de cousins venus du japon des studios Ghibli (distribués aux USA et en France par Disney, tout se recoupe).

Voilà l’étrangeté de ce Lorax : un produit qu’on aurait pu croire issue de la machine impériale à dessins animés et qui est pourtant son concurrent le plus féroce après l’abandon par K.O. de DreamWorks, incapable d’écrire un scénario palpitant, ou de la Fox, qui se cherche artistiquement. Certes, ce n’est pas le délirant Rango. Mais après Moi bête et méchant, on devine un style entre rondeurs de cartoons télévisés et action purement hollywoodienne, délire psychédélique et subversion (légère mais suffisante pour affoler les critiques ultra-conservatrices américaines) souvent amusante (l’esprit français des collaborateurs techniques n’y est pas pour rien).

Rien qu’à voir ce nabot qui domine son petit monde, véritable tyran complexé par sa taille et coiffé comme Mireille Mathieu, on serait tenté de vouloir faire une psychanalyse sur le méchant pas bête mais pas assez malin de ce film. Dans cette ville qui ressemble à celle du Truman Show, véritable cauchemar gélatineux enfermé entre des murs protégeant des citoyens naïfs et aveuglés d’une pollution nauséabonde et d’un environnement saccagé, prison dorée où règne l’ignorance, les créateurs se réjouissent de donner une leçon de morale aux spectateurs, consuméristes par nature. Ils se moquent d’une dictature privatisée et nous tendent un miroir en nous interpellant, nous alertant : c’est bientôt notre monde !
Ce monde réel, sans forêts, sans âmes, s’oppose ainsi à un passé idéalisé, avec ses animaux loufoques et heureux, ses arbres soyeux qui ont des allures de sucreries, ses rivières enchantées.

Le Lorax n’est jamais qu’une histoire de graine élevée au rang de diamant pouvant sauver le peuple. Mais l’aventure tourbillonnante vaut le voyage. La course-poursuite finale est un grand huit palpitant.
L’humour, cocasse, et la dérision (la grand mère n’en manque pas, sorcière gentille reliftée façon sitcom américaine) produisent une joyeuse mélodie dans cet univers coloré (qui contraste avec la noirceur du propos). Bref, c’est bien un grain de folie, et non une graine végétale) qui cherche à être plantée dans le sol de Tinseltown. Comme si Le Lorax cherchait – utopie ? – à ramener de l’esprit et de la sagesse dans l’univers formaté d’Hollywood, se distinguant ainsi des Cars 2, Madagascar 3, Age de glace 4, tous décevants, prévisibles, engoncés dans leurs schémas pour faire le maximum de recettes. Espérons que les studios concurrents en prendront de la graine.
 
vincy

 
 
 
 

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