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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Ne fais pas ça !
France / 2003
24.03.04
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FEMININS, MASCULINS, PLURIEL
« - Qu’est ce que tu as en ce moment ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Je me pose la question inverse : qu’est-ce qui va bien ? »
Deux femmes et deux hommes en crise, face à eux-même. Loin d’être un énième mélo d’amour quelconque, Ne fais pas ça ! est un film étonnant ; non pas par son histoire, mais par la manière dont celle-ci nous est justement contée. Construit tel un puzzle, où chaque pièce est en elle-même peu significative mais indispensable au tout, le film se dessine au fur et à mesure que l’on puise dans sa propre matière : la sincérité et l'ardeur, tantôt brûlante, tantôt glaciale, de ses personnages, bien sur ; mais aussi les dialogues, silences, lumières, décors et cette parfaite mesure du temps diégétique qui entremêle subtilement scènes du passé et actions présentes. Un point d’autant plus remarquable que l’utilisation du flash back est généralement source d’artificialité. Ici, on est à mille lieux de toutes formes factices. Les séquences s’enchaînent à la manière d’un tressage et, ainsi, avec tant de naturel qu’on oublie totalement ces jeux de variations temporelles pour ne porter attention qu’aux itinéraires personnels et croisés de ces quatre personnages. Au cœur du film : leurs émotions, convictions et idéaux ; le tout dessiné selon la singularité de chacun. Un réalisme psychologique particulièrement bien construit car puisant ses forces dans quantités de choses ordinaires, inhérentes à la vie moderne. Ces petites choses qui font le quotidien, qui avec le temps s’additionnent et, ici, confronte chacun des personnages à ses propres choix de vie.
Quatre personnages déchus, emportés, obstinés ou encore passionnés. Dans tous les cas fermement entreprenants ; ce qui apporte au film une bonne dose de vivacité tout en conservant un réel intimiste ambiant. Bien sur, le jeu d’acteur particulièrement généreux y est pour beaucoup. Notamment celui de Nicole Garcia et de Miki Manojlovic. Placés au premier rang de l’histoire, tous deux nous captivent sans relâche. La comédienne crève littéralement l’écran. Du début à la fin, leur jeu est à savourer sans modération. Les performances de Natacha Régnier et Fabrizio Rongione ne manquent pas non plus de couleurs. Mais, force est de constater que les deux comédiens ne bénéficient pas d’une grande marge de manœuvre, eu égards aux tempéraments extrêmes de leurs personnages. D’un pôle à l’autre, ils sont sincères et touchants ; mais rien de très atypique, d’autant plus que la majorité de ces séquences sont traitées en filigrane. C’est ici même que reposent les points faibles du film : plusieurs scènes, à tendance schématisante, se révèlent quelques peu infructueuses et simplifiées. Notamment les séquences finales, dont certains éléments paraissent assez improbables, sinon nettement abrégés. Pas de quoi gâcher notre plaisir, tout de même : Ne fais pas ça ! reste une belle histoire. Pour une fois qu’un film sur l’amour et l’usure du temps ne s’use pas lui-même, on aurait tort de s’en priver. Sabrina
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