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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Hukkle (Hic)
Hongrie / 2002
01.10.03
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HICROCOSMOS
Gyorgy Palfi s’étant autoproclamé cinéaste-auteur, dans le sens « Cahiers du cinéma » du terme, nous sommes bien obligés de le prendre au sérieux. Vu l’accueil international que reçoit son premier long-métrage, il semble que nous ne soyons pas les seuls.
Pour expliquer la réception quasi fascinée de ce film en Europe et dans les milieux influents du cinéma, nous allons présentement jeter quelques idées sur le papier, à travers un certain nombre de mots, que vous contemplerez avec gentillesse.
Ce qui saute rapidement aux yeux du spectateur aguerri est l'allure très court-métrage, très chouchou de festival, l’aspect gagneur du film. Une esthétique un peu moderne, un peu consensuelle, des caméras plus fascinées par l’angle qu’elles adoptent que par ce qui est filmé, de l’auteurisme en veux-tu en voilà qui passe aussi par une absence de dialogue de cérémonie. En somme, s’insinue d’abord l’impression de voir le film de fin d’étude d’un ingénieur du son fraîchement diplômé de la FEMIS. Heureusement, Hic est beaucoup plus intéressant que cela. Il n’est pas qu’un documentaire sur les multiples façons de mâcher de la viande en gros plan, dans les campagnes hongroises.
Si Hic, on l’aura compris, n’est pas exactement un ovni, certaines scènes réservent un rythme et une émotion tout particuliers. Exercice d’autant plus difficile qu’aucun point de vue n’est privilégié. Le village n’est vu par personne mais simplement montré avec une certaine froideur analytique. Ce procédé engage une absence totale d’identification à aucun des personnages en présence. L’émotion évoquée plus haut ne peut apparaître qu’à travers la connaissance ou la reconnaissance d’un motif, de quelque chose qui demeure sur une durée suffisante (c’est pourquoi l’émotion est très rare dans les courts-métrages). Or la seule constante du film est le hoquet du vieil homme. De cet unique motif peut émerger une forme d’identification minimale à ce personnage, d’autant qu’il se trouve, tout au long du film, dans une position similaire à celle du spectateur : assis et observateur des petites vies et des grandes morts.
En substance, il s’agit bien de vie et de mort. Cette nature, filmée avec un certain cubisme, est émaillée de lieux du crime. Les femmes empoisonnent leurs maris, au sens propre, pendant qu’une fermière trucide involontairement une taupe avec sa pioche. Le tout filmé avec la même indifférence. Cette distance de mise en scène engage, non pas une moralité douteuse du réalisateur mais un constat emprunté d’un certain nietzschéisme qui est le suivant : du point de vue de la nature, le crime n’existe pas. Autrement dit, si l’on ne prend pas un point de vue humain, la morale n’a aucune place. Sous un aspect formel d’une légèreté confondante, Hic nous montre tout simplement la mort au travail. En se bornant quasiment à des travellings et des gros plans, Palfi, à la manière d’un Sergio Leone, réussit à mettre en scène une nature morte cinématographique.
L’esthétique de Hic renvoie aussi à une forme de cinéma assez peu évoquée : le documentaire animalier et, en particulier, Microcosmos, de Claude Nuridsany et Marie Pérennou. Pour autant, le genre est pris totalement à rebours. En fait, la démarche de Hic est diamétralement opposé à celle des films animaliers. Ceux-ci consistent en général à humaniser, parfois à outrance, les bestioles filmées. Ici, les villageois sont, au contraire, comme vidés de leur humanité. Hommes est animaux sont filmés sans jugement, avec la même distance. A l’opposé des lions que l’on suit l’après midi sur la Cinquième, cette faune dont les individus n’ont pas de noms, pas d’histoire, a la platitude d’un brin de muguet qui pousse.
Face à cette construction originale, les arguments policiers ou comiques du film n’ont pratiquement aucun poids. Sorti d’un cadre formel assez rigide de tels genres ne s’expriment plus. L’ambition de Palfi n’était heureusement pas, selon l’expression consacrée, de « travailler le polars de l’intérieur », car le pauvre aurait été très loin de réussir.
Hic donne certainement envie d’en voir plus de ce jeune réalisateur. Peut-être un deuxième film un peu plus classique dévoilerait un grand talent, un style plus personnel et une forme plus affirmée. axel
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