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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Butterfly effect (L'effet papillon)
USA / 2004
10.03.04
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JE D'ANTAN
"- Ca sent le patchouli et le cul."
Cette histoire de fous ne rendra pas dément. En vulgarisant un vieil adage, ce film américain montre toutes les forces et les faiblesses de l'imaginaire hollywoodien. D'une véritable réflexion sur la relation de cause à effet, dans laquelle nous embarquons avec joie, nous sommes débarqués un peu platement d'un simple thriller vaguement psychologique et relativement épuisant. Passé le postulat que rien n'est crédible, on aurait juste apprécié un scénario un peu moins stéréotypé. A force d'abuser des rebondissements, de "surdoser" les traumas (tentative de meurtre de la part du père, exploitation sexuelle par un adulte, ...), le spectateur se croira davantage dans un épisode de "Dawson" réécrit par les scénaristes de "24 heures Chrono".
Cette Amérique de ploucs, très sage comparée à celle de Van Sant ou Clark - ici, on baise toujours avec un drap entre les deux corps mais tous les gars lisent Hustler -, ce qui en soi relèverait de l'obscénité, révèle les mêmes symptômes : l'ennui. Car la vacuité de leur vie ne produit que la recherche de sensations extrêmes dont le scénario n'est pas avare. Glandeurs incultes, ces trous du cul qui s'emmerdent au fin fond de l'Amérique font les 400 coups dans des cadres pré-fabriqués : université, banlieue anonyme, décharges publiques... Les jeux d'enfants dérapent vers les limites du fantastique. Il y a 50 ans Hitchcock nous hallucinait avec un huis clos dans La Maison du Dr. Edwards et une séquence de Dali. Aujourd'hui, sous le diktat du rythme et du mouvement, nous sommes ballottés à travers le temps.
Pourtant avec un tel sujet (la perte de mémoire, la modification du passé), il y avait matière à faire autre chose qu'un film génétiquement modifié, croisement hybride de Se7en et Dumb and Dumber (les deux films à voir pour nos chers abrutis). Plutôt que de se frotter au sujet de manière intelligente, les réalisateurs ont préféré nous manipuler avec des "trucs et astuces" qu'on retrouve dans les récentes séries B américaines de type Gothika. Nous glissons alors vers le cauchemar. Binaire. Wasp. Caricatural. Le pire est sans doute qu'on accroche à cet imbroglio tordu avec des tarés comme personnages centraux. La spirale nous entraîne avec une complicité malsaine, anticipée. Ce jeu de rôle pas drôle, assez moraliste, entre freaks physiquement insipides, défie les voyeurs que nous sommes. Comment va-t-il s'en sortir puisqu'il ne peut même pas se suicider?
Rassurez-vous pour Ashton Kutcher. Le beau mâle s'en sortira avec un seul gros bobo (il sacrifiera ses sentiments). Le film est calibré pour le sortir de la comédie potache où on l'enfermait depuis quelques temps. Il est tout à fait crédible dans son personnage, ciblant les midinettes côté physique pour pub de boxers. Ce n'est pas non plus l'extase. Pas de quoi crier à la révélation. Juste convaincant. La pirouette finale est sans doute la meilleure trouvaille de toutes ces invraisemblances. En donnant raison à la déraison, les auteurs se sont un peu perdus en route et, à vouloir tout rationnaliser et éviter toute ambition cinématographique, ils ont produit un délire divertissant. Mais on est loin de Demme, Fincher ou De Palma. Peut être tout cela manquait-il de folie? De la vraie hein, pas du dérivé... vincy
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