Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Intimité (Intimacy)


France / 2001

28.03.01
 



INTERIEURS





Breillat nous filmait une romance à la fois virginale et pleine de noirceur. Dumont préfère la vie et l’humanité sous forme naturaliste. Von Trier pointe sa caméra sur des corps nus sans désirs. Depuis quelques années, la chair et le cul ne sont plus séduisants et désirables, mais bien réels, pornographiques, parfois pathétiques. La lumière est grise, la peau à peine maquillée, et les gestes identiques à ceux de nos vies.
Chéreau n’échappe pas à cette tendance de filmer cru, banalisant le regard voyeuriste, normalisant la sexualité, et finalement lui enlevant sa part de mystère et de beauté.

Intimité est un brillant exercice où le metteur en scène use de tout ce qu’il a appris pour nous éblouir, et abuse non pas de son style, mais bien de son univers ; ce qui nous créé une certaine distance avec l’histoire.
Car le scénario est glacial. Cette errance des êtres, à mi-chemin entre Mauvaise Passe et La Confusion des genres, nous laisse de marbre, ne réveillant aucune de nos ardeurs, aucun de nos sentiments. Intimité explore les portes ouvertes et les impasses d’une relation a priori sexuelle. Ce choc charnel ne provoque pas ; on est juste surpris de voir à quel point les acteurs sont allés loin (sexe bandé, dans la bouche).
Au delà de ce rendez-vous du mercredi, les deux personnages sont en quête d’instants où la vie et ses souvenirs s’évaporent. Comment faire disparaître la souffranceŠ De leur solution (ils baisent pourtant très mal, c’est presque maladroit) naît une autre douleur : celle du désir, de la connaissance de l’autre, bref un peu d’amour.

Chéreau s’intéresse d’ailleurs davantage à l’homme dans une grande partie du film, qu’à la femme. S’il ne peut s’agir d’un autoportrait, il est bien le reflet de sa morale, de sa vision des rapports humains. Le femme ne nous est éclairée que sur la dernière partie du film. Lui, Mark Rylance, et elle, Kerry Fox, sont tous deux magnifiques de désespoir, d’âme écorchée. Il n’y a rien de beau, leurs corps sont même moches, si ce n’est l’étincelle qui s’allume entre eux, à certains moments.

Outre la brillante interprétation, école anglaise oblige, on notera une direction artistique intéressante et cohérente. L’exil londonien est totalement justifié ; le réalisateur a su capté les bonnes couleurs et ne pas faire dans le kitsch folklorique. Il y a placé ses passions, comme le théâtre. On y retrouve ses thèmes de prédilection, et notamment les déchirures émotionnelles.

Le film n’apaise en rien le spectateur. Il le trouble avant tout, sans le déranger, ni le choquer. Le cinéaste, qui utilise comme d’habitude en surdose le mélange musique pop / grunge et musique classique, tel une signature, n’a pas plongé dans les excès fougueux de La Reine Margot ou les caprices agaçants de Ceux qui m’aiment prendront le train. Ici aucun plan n’est là pour nous bluffé. Aucune scène n’illustre un message ou une psychologie à deux euros. Il a su se départir de tous ses défauts, et réaliser un bon film d’auteur, intime. Comme si lui même s’était mis à nu, avait gagné en maturité, et n’avait gardé que l’essentiel de son style.

Loin d’être divertissant, l’exercice aura au moins pour mérite de montrer à quel point notre époque a fabriquer des êtres paumés. Et qui ne savent pas qu’une parenthèse est faîte pour se fermer. Chéreau, on l’espère vient d’en ouvrir une, en devenant enfin un réalisateur, sans ses tics de brillant metteur en scène de théâtre et d’opéra.
 
vincy

 
 
 
 

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