Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les vacances du Petit Nicolas


France / 2014

09.07.2014
 



LE TEMPS DES CARTES POSTALES

Le livre Bye Bye Bahia



«- Chérie, je crois que nous allons passer des vacances formidables.»

On restera perpétuellement perplexe devant la nécessité d’adapter dans les années 2000 des chroniques d’une famille de la classe moyenne qui se déroule un demi siècle auparavant. Le générique annonce la couleur : une carte postale venue du passée, symbolisant la France des congés payés durant les 30 glorieuses qu’on croyait éternelles. A l’époque, Jules Ferry était un modèle, la voiture un signe extérieur de progrès, les immigrés encore dans les Colonies.

C’est tout le problème de cette « franchise » à la française et très franchouillarde. Dès le départ, l’ambition paraît désuète, pour ne pas dire ringarde. C’est aussi là que réside le calcul : l’époque n’était pas traversée par des crises économiques ou sociales, le « vivre ensemble » était facile. Tout l’univers du Petit Nicolas est rassurant, pour ne pas dire anesthésiant. De quoi fédérer les familles d’aujourd’hui.

Après un premier épisode très convenu, ces Vacances du Petit Nicolas suivent le même principe, avec les mêmes défauts et les mêmes qualités. Une fois de plus, ce sont les adultes qui tirent leur épingle du jeu. Les enfants semblent encore plus anecdotiques et leurs « bêtises » sans grande originalité. Elles ne provoquent jamais les meilleurs gags. Facile alors pour Kad Merad de jouer un mix entre Pierre Richard et Louis de Funès, en grand benêt vaniteux qui ne maîtrise pas grand choses, pour Valérie Lemercier de se prendre pour la vedette de la plage, pour Dominique Lavanant de remplacer Bernadette Laffont en mémé râleuse, ronfleuse mais tendre. Idem côté seconds-rôles, qui surjouent avec délice leurs personnages de beaufs stéréotypés.

Hélas, le scénario est très paresseux. Voix off superflue, succession de scénettes (comme dans le premier film) qui empêchent une évolution narrative vers l’excès (ici comique), multiplication de sketches inégaux et rarement très inspirés ou originaux… Ainsi le personnage de François-Xavier Demaison a le droit à un traitement de faveur façon écureuil dans L’âge de glace. Mais le personnage est vite oublié dans le script et on se demande alors l’intérêt de lui avoir accordé autant de place dans le premier tiers du film.

Certes, Laurent Tirard essaie de s’en tirer avec un petit clin d’œil aux Demoiselles de Rochefort et un gros coup de coude aux Vacances de Monsieur Hulot, mais ça ne suffit pas. Seul élément intriguant, la petite Isabelle, sorte de cousine de Cristina Ricci échappée d’un film de Tim Burton. Mais là encore, faute de mise en scène et de scénario solide, le personnage rentre vite dans la norme : jamais le film n’ose s’aventurer en dehors du format télévisé et consensuel. Tous est cadré en fonction de repères d’un autre temps. Les femmes lisent des magazines de mode, les hommes des journaux d’automobiles. En nous projetant si loin dans le passé, le réalisateur nous fait prendre conscience que ce n’était pas forcément mieux avant. Mais c’est involontaire puisque jamais le film ne s’offre un regard distant ou un second degré.
Si Merad et ses misères ne fournissaient pas son lot de moquerie, on se demanderait même s’il s’agit d’une comédie.

Trop sages petites canailles pour des Vacances qui s’achèvent finalement en une distraction gentillette en costumes d’époque. Le cul dans le sable vendéen en pleine sixties, on rêve alors de sauter dix ans en avant pour rejoindre les Bronzés au Club Med.
 
vincy

 
 
 
 

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