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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Immortel (ad vitam)
France / 2004
24.03.04
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MORTAL FANTASY
"- Ce putain d'univers est binaire."
Prologue. Immortel est un projet ambitieux et casse-gueule. Mais il vaut le coup d'oeil, qu'on aime ou pas l'univers BD de Bilal. Dès les premières images, nous sommes happés par cette New York futuriste. La science fiction a pris le dessus sur notre raison. Comme souvent la SF conduit à des films soit trop complexes, soit trop simplistes, se cherchant entre une vision allégorique et prophétique et un imaginaire esthétique.
Premier acte. Sur le plan artistique, Bilal et ses équipes ont réussi leur coup. Effets spéciaux, traitements 3D, mix animation virtuelle et séquences réelles, l'alchimie fonctionne bien, même si, logiquement, elle rend l'ensemble artificiel. New York est transformé comme une vulgaire grosse pomme transgénique. Tout prend forme, à l'instar des planches dessinées par l'auteur. Mieux, le mouvement, fluide, donne de l'épaisseur et du relief à ces cases et bulles un peu étouffantes. de mutations en greffe, de personnages animés en acteurs déguisés, il y a quelques fois de belles illusions. Magnifique à voir, nos yeux se perdent assez souvent dans cette surabondance d'images. Cela nuit à l'autre aspect du film, l'histoire.
Deuxième acte. Si la lecture permet de compliquer les intrigues, et notamment leur donner plusieurs angles de vue (politique, mystique, romantique, technologique), le cinéma ne peut pas adopter une narration trop foisonnante. Sinon c'est au détriment de l'émotion. Or, Immortel créé un compromis bancal : il ne veut rien perdre de la densité de son matériau d'origine et cherche à être le plus clair possible. Durant la première demi heure, tout semble confus, peu limpide. Incompréhensible pour certains éléments, trop faciles à anticiper pour d'autres. En se détournant du propos politique - regrettable - et en se focalisant sur l'histoire d'amour - trop superficielle - le film frustre. Le rythme est trop inégal. L'action fait souvent place à la contemplation. Et les idées sont rarement originales. Ca avait les apparences d'un polar politique, ça finit en expérience métaphysique.
Dernier acte. Si l'histoire paraissait impossible à raconter sans se mélanger les pinceaux, le final est dessiné à gros traits. Le film subit énormément son casting trop fade. Nikopol (héros de la trilogie en BD) n'est qu'un second rôle, censé être élégant, célèbre et subversif. Heureusement que c'est dit. Horus est bien plus trippant. Même Rampling hérite d'un personnage trop flou pour nous rallier à son ambiguïté. Bref, ce n'est pas l'humain qui nous passionne, mais bien l'aspect mutant du film, ce duel entre le spirituel et le matériel, entre l'éternel et le mortel, entre les expériences illégales du pouvoir et les expériences hallucinantes des mythes.
Epilogue. Légendes urbaines et contes fantastiques font bon ménage. Applaudissons cette production européenne qui renaît de ses cendres en devant hybride, métisse, bâtard. A l'instar de ce bébé, mi Dieu mi extra terrestre, qui écoute un poème de Baudelaire dans un film qui flirte avec Blade Runner. Il y a pire "Poison". vincy
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