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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jeux d'enfants
Belgique / 2003
17.09.03
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NOS VIES EN ROSE
"- J’aimerais être un flan. Un flan aux abricots."
Le film de Yann Samuell est d’ores et déjà victime de la mode. Parce que la première partie - celle de l’enfance - est trop proche d’un film de Jeunet (couleurs, montage, objets, effets visuels, nostalgie...), Jeux d’enfants flirte avec le déjà vu et perd de sa singularité, et donc de son style. Enfonçons le clou en affirmant que cette première partie apparaît plus comme un chapitre jumeau de Ma Vie en rose (le merveilleux film d’Alain Berliner) : un enfant un peu marginal, un père peu compréhensif, des rêves oniriques dans des décors de dessins animés, une banlieue de Belgique, et même une chanson de Zazie !
Aussi plaisante soit-elle l’histoire ne nous captivera pas avant que ces enfants ne deviennent adultes, et continuent leur jeu. Sans que cela ne nous dépayse. Mais est-on dépaysé lorsqu’on va en Belgique ? Ici, nous écoutons les délires amoureux du verbe et des mots, ces longues litanies d’expressions clamées comme des slogans définitifs de l’opinion d’une génération. Et nous regardons les divagations visuelles qui prennent leur racine chez Magritte, Franquin et le cinéma belge des années 90, un mix de cartoon et de personnages romantiques. On ajoute une légère référence à Piaf, entre "Mon manège à moi" (l’objet du délit) et Je ne regrette rien, avec la perpétuelle "Vie en Rose" dans toutes ses versions (les plus moches : Donna Summer, Louis Armstrong et surtout Zazie).
Et pourtant, malgré tout cela, les incorrigibles sentimentaux, que nous sommes, semblent sous l’extase béate d’avoir aimé le film. Cela ne tient donc pas à une réalisation trop grotesque et insensée pour nous épater. Nous sommes plus séduits par la poésie naïve du propos, le regard un peu absurde sur notre monde complètement ridicule. Et davantage encore par cette gamine bourrée d’humour et ce gosse presque bourreau des coeurs. Les répliques sont bien trouvées. Et les voitures de perpétuels obstacles à l’embrasement amoureux.
L’ensemble est surtout servi par un beau duo de comédiens. Étonnant Guillaume Canet, charmeur et modeste, sans excès de jeu et enfin à l’aise dans son costard. Marion Cotillard devait être très jolie pour être crédible. Elle est mieux que ça, et nous succombons facilement à ses yeux de biche et sa moue craquante. Dramatique et comique, romanesque et ludique, elle mène le jeu du début à la fin, pour notre plus grand plaisir. Car elle en fait un film tour à tour cruel et hilarant, manipulateur et imaginatif, aussi improbable qu’un rêve de cinéma. Jeux interdits entre enfants terribles, le film qui se balance entre syntaxe et effets spéciaux, ne tire pas toujours partie de sa folie. Témoin, cette 206 lancée à fond sur l’autoroute pendant qu’on nous sert une liste de courses sur la beauté de l’existence façon monologue de Trainspotting. La musique envahit tout : nous n’entendons ni le détail de la liste, ni même le moteur turbo.
Le cinéaste n’a même pas eu le courage de sa fin (il semblerait que ce soit un des problèmes du moment, puisque le Kurys souffre du même défaut) et n’a pas osé les couler dans le béton. "Être adulte, c’est faire du 60 quand on a un compteur qui va du 0 à 210". Le film a parfois des accélérations bien pilotées. Dommage qu’on ne finisse pas dans le mur, mais sur une départementale... La passion ne serait qu’un jeu d’enfant ? vincy
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