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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Gente di Roma
Italie / 2003
07.04.04
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UNE ROME QUI A DU PUNCH
"-Le Romain quand il travaille est doublement fatigué : d'abord parce qu'il travaille et ensuite parce qu'il n'en a pas envie"
Comme il paraît loin le temps de la Dolce Vita où Anita Ekberg se trémoussait face à un Marcello Mastroianni ébahi. Que reste-t-il aujourd'hui des traces laissées dans la capitale italienne par les pas de géant des Fellini, Pasolini et autres De Sica ? Peut-être seulement des souvenirs. Et quelques somptueux chefs-d'oeuvre. Mais Rome elle, est toujours là. Fidèle à elle-même. Le Capitole, les catacombes de Pricille, les Fouilles d'Ostria Antica contemplent toujours la ville. Tous les chemins mènent toujours autant à Rome et la papamobile n'en finit pas de rouler au diesel. Et les romains dans tout ça ? A bientôt 73 ans, Ettore Scola se décide enfin à démasquer ses étranges congénères. Sans complaisance. Méchamment parfois. Qui aime bien châtie bien.
Car les romains ne vivent plus seuls. Le monde entier semble s'être donné rendez-vous dans l'ancienne capitale du monde : Africains, Chinois, Russes, Afghans, Indiens, Turcs et Arabes. Et Scola jubile à les confronter à la "population indigène locale". Dans des sketchs croustillants et drôles. L'envolée lyrique dans le bus d'un pseudo journaliste italo-éthiopien dressant le portrait type du romain actuel (un des plus géniaux dialogues du cinéma italien). Un propriétaire de bar utilisant des méthodes douteuses pour interdire ses toilettes aux étrangers. Un cuisinier italien prenant verbalement à partie son collègue africain hilare. Non pas pour sa couleur de peau. Mais parce ce que ce dernier préfère... la Juventus à l'AS Rome. Le bilan est sévère. Amer mais jamais caricatural. Pas de leçon de morale sur ce racisme supposé. Scola choisit d'en rire. La solution la plus efficace pour combattre le poison.
Mais le cinéaste s'impose une ligne de conduite, une mission : réhabiliter les romains. Ce peuple "détesté par au moins tout le reste de l'Italie". Rien ne lui échappe. Leur rapport à la mort, la religion, le sexe. Leur humour, leur fierté et les clichés sur leur romanité exacerbée. Le tout traité avec une généreuse drôlerie et intelligence. Et le Ettore Scola des débuts refait surface. L'idéaliste et homme de gauche. Et pose un regard impuissant sur cette Italie des laissés-pour-compte et du chômage. Celle flirtant doucement avec les monstres d'antan. Pas de quoi se décourager pourtant. Les romains avancent nous dit le cinéaste. A grandes enjambées même. Crient pour un avenir meilleur dans les manifestations monstres orchestrées par Nanni Moretti. Transpirent dans les bals populaires, les salles de bingo et au Gay Village. Mais chez Scola nostalgie et romantisme reprennent souvent le dessus. A l'image de cet homme élégant qui surgit d'une calèche grand luxe et s'installe près d'un vieux sans abri. Le soleil se couche sur la Piazza Navona. Deux Rome opposées se font face. Ils se saluent comme de vieux amis. Et laissent le temps s'écouler. Heureux à leur manière. jean françois
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