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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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El abrazo partido (Le fils d'Elias)
/ 2003
21.04.04
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DROLES DE DRAMES
« - Mais vous êtes tous devenus fous ?
- Peut-être ! »
Films sociaux et comédies font excellent ménage ! Le fils d’Elias en est la parfaite illustration. Un étonnant mélange de tendresse et d’humour survitaminé. Preuve qu’on peut ironiser sur tous les sujets, même les plus graves ; à condition de savoir s’y prendre. Et en la matière, soyez prévenus : Daniel Burman a plus d’un tour dans son sac ! Son dernier film est une aventure humaine boute-en-train qui, tout en finesse, nous entraîne sur des sentiers inattendus. Fort de sa propre expérience, la construction identitaire et le quête d’un nouveau monde sont des thèmes chers au jeune réalisateur. Ses qualités artistiques et son insatiable appétit pour la dérision font ici le reste. Un véritable coup de pêche ! Personnages déjantés, de 7 à 77 ans décalés, passionnées, et croquant la vie avec toujours plus de plaisir, malgré les obstacles ; jeux de séductions, conversations et compétitions saugrenues alimentées par les écarts générationnels… La vie ordinaire d’une communauté dans laquelle chacun apporte sa pierre à l’édifice pour refaire le monde : souvenirs intimement transformés, rêves, fantasmes, dits-on et fables… A grands malheurs, pleins de petits bonheurs réconfortent ici les esprits. Caméra à l’épaule, avec un style de mise en scène très documentariste, fait d’une importante mobilité de mouvements et suivant un rythme à grande vitesse, Daniel Burman explore cet univers - le sien - sous un angle peu ordinaire, si frais et énergique qu’il crée une véritable fusion entre fiction et réalité. A Daniel Hendler, le comédien principal de renchérir, fort de son interprétation hyper volontaire, haute en couleurs et sincérité.
Chapitré, narré et illustré de confidences en voix off tel un conte, mais animé de tout ce qu’il y a de plus concret et palpable, Le fils d’Elias a quelques allures de film merveilleux tout en restant un portrait très ancré dans le réel. Proximité, optimisme et fantaisie pimentent le récit jusqu’à la dernière séquence. De quoi insidieusement pointer des sujets pénibles, quelquefois humainement dramatiques, sans ne jamais s’y complaire. Le message a d’autant plus d’impact qu’il n’est pas autosuffisant. Références à la Shoah, aux difficultés sociales de l’Argentine, aux incertitudes quant à l’avenir économique des jeunes générations dans son pays : Daniel Burman émet par-ci par-là ses positions - toujours dans une ambiance légère, souvent enjouée - et crée ainsi une véritable relation de complicité avec le spectateur. Efficace, concis, à la fois émouvant et ludique ! Un film ravissant qui déborde de personnalité. De quoi faire le plein d’enthousiasme ! sabrina
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